jeudi 12 juin 2008

ViVENT LES SONDAGES !

De quoi vivraient la presse si les instituts de sondages n’existaient pas ? Ainsi dans le Nouvel Obs, version net ou version papier, les enquêtes d’opinion se ramassent à la pelle : « OGM : 78% des Français soutiennent Nathalie Kosciusko-Morizet », le NouvelObs.com du 13 avril 2008 ; « 74% des Français estiment que "la période de Mai-68 a eu un impact positif sur la société" », dans la parution du 28 mars dernier. On note que ces scores massifs traduisent des positions totalement opposées au gouvernement et à Nicolas Sarkozy. L’inverse serait sans doute vrai pour Le Figaro. Peu importe, cela fait partie du jeu politique par leader d’opinion interposé. Chaque camp lit son organe d’information et de communication préféré, ne prêtant qu’un regard méprisant aux titres des journaux de ses adversaires. Quel UMP achète Libé sans y être obligé ? En revanche, sur la toile, la gratuité favorise la lecture de toute la presse et aux news et analyses s’ajoutent les réactions des internautes. L’entrisme, dans sa signification basique, à savoir le prosélytisme et le militantisme, règne en maître. On s’invective et on s’insulte, on se reconnait et on se conforte, on complète et on critique. Tous journalistes. Capables d’interpréter avec maestria des chiffres que les meilleurs analystes d’IPSOS ou de la SOFRES hésitent à commenter tant la compréhension d’une déclaration à un instant précis repose sur des critères mouvants. Ah le bon sens commun ! Contre la République des experts se dressera toujours en France non pas celle des imbéciles, n’en déplaisent à certains, mais tout simplement la liberté de penser et d’exprimer cette pensée. On peut le regretter dans certains cas, quand un footballeur interrogé par un animateur donne son avis sur un sujet sans lien avec son domaine de compétence, s’en féliciter quand ce même footballeur prend position en faveur d’une cause et utilise sa popularité pour transmettre un message. Deux situations antagonistes et pourtant comparables, que l’on pourrait renverser pour des effets inverses : si le message est un message de haine et si il révèle une intelligence ou une sagesse dignes d’un expert dans son interview… Alors bien sur, un chiffre de sondage parlera toujours plus directement et plus fortement à un large public qu’une enquête de terrain. Mais un chiffre de sondage peut être interprété par tout le monde, quand seul un journaliste peut rapporter la réalité, les faits. A sa conscience de le guider vers une narration la plus objective possible. A trop vivre selon des questionnaires, à passer la société à la moulinette de la loi des grands nombres, on ne voit qu’une facette désincarnée du monde. Éphémère indicateur pour politicien sans vision stratégique ou support transitoire pour périodique à la recherche d’attrape-lecteurs, un sondage chasse l’autre, le contredit, le plonge dans l’oubli et le néant. Qui se souvient d’une semaine sur l’autre qu’il préférait le bleu alors que tout le monde aime le rouge ? Alors, faut-il privatiser l’opinion publique ? 100% des personnes interrogées dans mon entourage sont pour.

@ 15 avril 2008

Aucun commentaire: