jeudi 12 juin 2008

"Les hommes politiques ne sont pas des carpettes sur lesquelles on doit s’essuyer les pieds". Brice Hortefeux, 24 février 2008, BFM

Quelle différence y-a-t-il entre le salon de l’agriculture et la cérémonie des Césars ? Aucune, dans les deux cas, la graine et le mulet y sont aux premières loges. Le mulet quand un français moyen, de ceux que l’on trouvait dans la traversée de Paris de Claude Autant-Lara, insulte le Président le République française dans une forme grammaticale usitée seulement à l’école primaire : « tu m’salis, touche moi pas ! ». La graine de la discorde quand le représentant en chef de la nation se laisse aller à une réponse de cour d’école, mots grossiers en prime. Entre un Cavada à qui l’on reproche d’être resté silencieux lorsque le journaliste Yvan Stefanovitch, auteur de l’enquête Bertrand le Magnifique, dénonçait les pratiques de Delanoé pour s’attirer le vote juif et un Sarkozy agressif et insultant envers un quidam qui lui a manqué de respect, on peut se demander de quel bois sont faits nos hommes politiques contemporains. Le sacerdoce de la politique nécessite du sang-froid, des nerfs et de l’humour. Entre une population majoritairement et intrinsèquement inintelligente, des adversaires d’autant plus rapaces qu’ils sont aux abois et une presse cannibale incapable de conserver le sens de l’éthique, le chef de l’Etat ne doit pas, ne peut pas oublier qu’il incarne la France, au yeux de l’Histoire, de la communauté internationale et de ceux qui l’ont soutenu et le soutiennent encore. Se comporter comme la racaille pour lutter contre la racaille revient à cautionner les calomnies de la gauche. En déculpabilisant la droite, Nicolas Sarkozy en campagne a posé les jalons du renouveau de la culture libérale. En multipliant les comportements agressifs ou outranciers, Nicolas Sarkozy élu est en train de détruire les fondations du réveil français. Certes, on ne peut qu’acquiescer à la déclaration du ministre de l’immigration : "Les hommes politiques ne sont pas des carpettes sur lesquelles on doit s’essuyer les pieds". Il n’empêche que nous sommes bien loin des insultes et des noms d’oiseaux que s’échangeaient les parlementaires de la IIIe république avant de régler leurs différents sur le pré. On devrait d’ailleurs reconsidérer les duels : plutôt que de passer par des avocats aux tarifs exorbitants, un sabre dégainé dans la rosée de l’aube sur le Champ de Mars résoudrait plus radicalement et avec autrement de panache les petites contrariétés de nos dirigeants… Dans cette société orwellienne où toutes nos actions sont filmées et offertes aux regards des autres, on requerra de la part des personnalités publiques, toujours si précautionneuses avec leur image, une attention particulière lors de leurs sorties officielles. La critique n’est pas toujours constructive mais ce n’est pas une raison pour oublier sa place : pour chaque décision, il y a une conséquence. Dans un autre registre, Zidane a fait payer le prix fort à la France en finale de la coupe du monde pour l’avoir oublié. Ce n’est que du football, mais la leçon ne change pas : il faut toujours être exemplaire quand on représente la patrie. C’est un dû et un privilège. Il convient de ne pas l’oublier.

@ 27 février 2008

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