vendredi 30 novembre 2007

VITE UNE GAUCHE RESPONSABLE !

« Le processus [de rénovation du PS] en cours est un artifice pour ne pas prendre de décisions. » Manuel Valls –le JDD du 25/11/2007


Aucune démocratie ne peut se passer d’une opposition construite. C’est encore plus vrai en France, qui reconnaît à la rue autant de légitimité qu’à ses élus. Si une minorité conteste le choix de la majorité, exprimé dans des projets ou des propositions de lois, il lui suffit d’entamer une grève, ou encore de manifester bruyamment son désaccord ou même d’occuper des universités ou n’importe quel lieu public, pour trouver un relai dans les médias. Pour faire régner l’ordre, personne n’osera envoyer la troupe, car les injures suprêmes seraient de sortie : fasciste ! raciste ! Alors, en toute impunité, sans que personne ne soit plus choqué que cela, nos boutefeux poursuivront leurs insoumissions au pouvoir en place, se réclamant de mythes gauchistes d’un autre temps, et s’assurant de la sympathie d’un peuple toujours prompt à idolâtrer les principes de la Révolution en oubliant la Terreur. Sous la Ve république, chaque victoire de la droite a été suivie de mouvements de rue, la gauche déconfite abandonnant toute opposition démocratique. Il n’est pas en effet dans la culture des gens de droite que de défiler, et hormis les deux références en 1968 contre la « chienlit de mai » et en 1984 pour sauver l’école libre, les appels à la mobilisation ont rarement dépassé la marche symbolique. La situation actuelle est pourtant inédite. Entre 1965 et 1995, François Mitterrand a écrasé, dans tous les sens du terme, la gauche communiste et socialiste de sa présence. Son départ puis sa mort n’ont aujourd’hui encore pas été surmontés par le PS, alors que le PC n’en finit pas d’agoniser. Il n’y a donc pas d’opposition digne de ce nom dans notre pays, et la déclaration du député-mai d’Evry montre que le chemin est encore long pour créer une sorte de shadow cabinet, ou au moins une opposition partisane structurée capable d’offrir une alternative crédible à Nicolas Sarkozy. Une question reste ouverte : pourquoi François Hollande utilise-t-il des artifices pour ne pas prendre de décisions ? A-t-il le secret espoir que le Président lui propose une mission voire un poste de ministre dans un prochain gouvernement ? De la part de Sarkozy, l’artifice pourrait avoir fait long feu, s’il ne revenait de Chine, qui les a inventés. La politique est un art de la rouerie et ne pas prendre de décision est quand même une prise de décision. L’implosion du PS se profile, déjà fissuré de toutes parts, et ceux que l’on surnomme les éléphants resteront jusqu’à l’épitaphe dans ce panthéon aux illustres figures, de Jaurès à Mendès en passant par Blum. Une nouvelle génération peut en profiter, si elle s’absout des mitterranderies et de ses thuriféraires. Nous avons tous à y gagner, à droite comme à gauche, pour que cessent la domination des pensées simplistes, des inerties sociales et les combats d’arrière-garde. A trop ouvrir pour phagocyter, on prend le risque de perdre la force de la pensée contestatrice soutenue par la motivation d’accéder au pouvoir pour imposer ses idées. Une nouvelle gauche doit se former, pour permettre à la droite de se mesurer à un adversaire capable de développer une rhétorique démocratique et ainsi fabriquer une société toujours meilleure. Que vaudrait un championnat où l’Olympique Lyonnais n’aurait pour seul rival que le PSG ?

mardi 20 novembre 2007

TOUTE HONTE BUE

« J’appelle le gouvernement à sortir de son entêtement. Il faut accepter de temps en temps de perdre la face » – Ségolène Royal le 16/11/2007 en Guyane.
L’effronterie des politiciens, cet aplomb imperturbable qui les autorise à raconter tout et son contraire, à réfuter leurs propos prononcés quelques minutes plus tôt, voila l’essence de leur différence avec le commun des mortels. Ségolène Royal en a fait un art, se drapant de sa condition de femme en guise de bouclier contre les ires que ses élucubrations ne manquent pas de déchaîner. Après Ségo en campagne et Ségo dans la pampa, voici Ségo à Cayenne. On raconte que le terme Guyane, d’origine indigène, signifie « la terre dont on ne peut prononcer le nom ». Est-ce à dire qu’Harry Potter viendra donner un coup de baguette magique à la malheureuse candidate socialiste ? Ou bien Mme Royal a-t-elle entrepris une quête pour délivrer son royaume de France du Maître des Ténèbres, qui l’en a injustement privé en mai dernier ? Jamais avare de conseils, l’ex-première dame du parti socialiste, qui a habilement évité de se trouver en France au moment des grèves, recommande donc à François Fillon de céder. « Il faut accepter de temps en temps de perdre la face », affirme-t-elle. Voila une suggestion forte à propos de la part d’une spécialiste de la « bravitude » chinoise. Le pays le plus peuplé du monde a un dicton : « la face est essentielle pour l’homme, comme le tronc l’est pour l’arbre ». Un récent sondage montrait d’ailleurs que pour 75% de chinois, perdre la face est ce qui peut leur arriver de pire. Ségolène Royal traite donc le gouvernement français avec un effroyable mépris, à moins qu’il ne s’agisse encore une fois d’une de ses chinoiseries dont s’amusait François Hollande en janvier dernier. Les plaisanteries les plus courtes sont toujours les meilleures. Ces leçons adressées au premier ministre depuis son piédestal des Dom-Tom sont honteuses, malvenues et insultantes. « J’appelle le gouvernement à sortir de son entêtement ». Entêtement ? Face à une poignée de prolétaires incultes, manipulés depuis des années par une gauche inconsciente, cherchant à protéger ce qu’ils sont persuadés être un droit inaliénable constitutif de leur liberté ? Ces prises de position irresponsables témoignent de la pauvreté d’un combat pour exister dans le brouhaha médiatique. L’aporie de son programme tient dans son discours. Mais grâce au marketing politique, il suffit de trouver un angle original pour faire entendre un message qui ne l’est pas. Mme Royal a choisi habilement de sortir du pays pour faire entendre sa voix. Cela avait plutôt bien réussi à un militaire par le passé, pourquoi pas à une fille de militaire ? En outre, raconter n’importe quoi n’a jamais empêché quiconque de prendre le pouvoir, bien au contraire. Face aux tentations répressives (automobiles, téléchargement) de certaines lois, l’affirmation du libertaire, aussi fumeux soit-il, ne peut que rencontrer un public français toujours prêt à coiffer le bonnet phrygien pour défendre à la fois la veuve, l’orphelin et leur bourreau. Alors se lèvera l’ordre juste, et personne n’aura plus envie de rire.

mardi 13 novembre 2007

LA BATAILLE DU RAIL

"Nous appelons au blocage des gares, une journée avant la grève des cheminots pour montrer que nous sommes solidaires" – La coordination nationale étudiante – 11/11/07
Le 11 novembre 1918, l’armistice entre Français et Allemands était signée dans un wagon-restaurant. 89 ans plus tard, une poignée agitée d’étudiants gauchistes réunis à Rennes rend un hommage par l’absurde au sacrifice de leurs ancêtres en appelant à immobiliser les trains par solidarité avec les cheminots. Chaque époque rend donc l’hommage qu’elle mérite. En 1946, La bataille du rail de René Clément remportait le grand prix du Jury à Cannes en louant la résistance des valeureux conducteurs de train, tous communistes ou presque, spécialistes des sabotages contre les nazis. Plus tard, la lutte a continué pour gagner des droits, devenus ensuite des privilèges qu’il convient de préserver au mépris de la justice. Devant une centaine d’incorrigibles révolutionnaires d’amphithéâtre, une majorité silencieuse de résistants à la chienlit tente de préserver l’avenir du pays, leur avenir. O tempora ! ô mores ! On peut glousser devant la persistance d’une frange de mao-trotskards, qui tels des zombies échappent au fil du temps et se nourrissent au sein de la peur et du mensonge réunis. On ne peut pas accepter la complicité des médias qui portent aux nues cette mascarade, sous prétexte qu’agiter le chiffon rouge créée de l’action et de l’émotion, les deux mamelles de l’audience. La cachexie syndicale utilise les grèves comme une pommade curative : elle ne vaut pas plus qu’un placebo. Et pourtant, les rares nostalgiques du Grand Soir, du 22 mai 68 ou de novembre 1995 bénéficient d’un soutien disproportionné des journalistes de la presse écrite et audiovisuelle. Souvenirs de leur jeunesse sur les barricades, facilité de l’image choc ou tout simplement vengeance de perdants qui cherchent pas tout moyen à faire échouer le gouvernement, certains préfèrent la politique de la terre brulée au respect de la démocratie. Certes, tous les étudiants grévistes n’appellent pas au blocage des gares. Ceux-là n’ont rien compris. Pour jouer au train, il n’existe désormais plus d’autres solutions. En effet, Jouef a disparu depuis les années 1990, et les rachats succédant aux faillites, la production s’est amoindrie et renchérie. On ne trouve plus pour Noel dans les rayons jouets des grands magasins la moindre locomotive ou la plus petite maquette. Les transformateurs sont devenus objets de collection aux cotés des platines-disques et les enfants ne jouent plus au chef de gare en actionnant une petite manette pour le triage. Faute de modélisme ferroviaire accessible, il ne restait plus que la solution de la solidarité avec les cheminots pour ce quarteron d’inconditionnels. L’occasion faisant le larron, le blocage des gares autorisera les plus folles audaces, comme rouler à tombeau ouvert, ou au contraire déguiser le TGV en tortillard et arriver en retard sans risque d’être vilipendé par les voyageurs. Alors, et seulement à cette condition, nous pourrons accepter une déclaration portée par la poésie et l’amour du chemin de fer. Hélas, mon hallucination doit céder le pas au réel. Ces étudiants ne sont que les résidus sans âme d’une société valétudinaire, ultimes spasmes du communisme, ce fléau du XXe siècle qui refuse d’accepter sa mort et puise une nouvelle tentative de rémission dans la folie éphémère de la jeunesse.

lundi 5 novembre 2007

« On ne peut pas diriger un Etat en se prenant pour Zorro » - Jean-Louis Bianco – 5/11/2007

Même si les 12 000 auteurs de la Writers Guild of America sont en grève depuis lundi dernier, les studios d’Hollywood n’ont rien à craindre : de grands auteurs français sont prêts à les remplacer au pied levé. Les spécialistes des one line shot qui truffent les comedy shows de traits d’esprit ne peuvent rivaliser avec nos socialistes hexagonaux. Entre l’inénarrable François Hollande se gaussant de Christine Lagarde, comparée à Marie-Antoinette et l’ineffable Jean-Louis Bianco assimilant le Président au célèbre justicier masqué, les Walt Disney Company, 20th Century Fox ou Warner Bros ont l’embarras du choix. En 1988, la dernière grève dans l’industrie du divertissement avait duré 22 semaines et couté 500 millions de dollars aux Etats-Unis. Pour éviter un déjà-vu, l’actuel gouverneur de la Californie, Arnold Schwarzenegger, ne pourra pas se contenter de son célèbre « Hasta la vista, baby ». Il aura besoin d’un bon texte, ponctué de saillies promptes à déclencher tantôt l’hilarité, tantôt le sourire complice. Or qui mieux qu’un érudit venu du pays de Molière pourrait forger des boutades subtilement dosées ? Avec pour bagages Sciences-po, l’ENA et les Mines, l’ancien secrétaire général de l’Elysée (1982-1991) fut ministre sous Bérégovoy et récemment co-directeur de campagne de Ségolène Royal. Woody Allen ne peut pas en dire autant. Et c’est un art que de poser avec exactitude les problématiques des sociétés modernes : peut-on diriger un Etat en se prenant pour Zorro ? Certains seraient tentés de répondre tout simplement oui, arguant de la jurisprudence Conan le Barbare*/Terminator* de 2003. D’autres pourraient opposer que Batman et Superman n’ont jamais sollicité de mandat, refusant de confondre héroïsme et pragmatisme. Mais attention, Zorro n’est pas n’importe qui. Né au début du XXe siècle, le célèbre justicier incarne le parangon du défenseur de la veuve et de l’orphelin. Il cache son identité derrière un masque, symbole de sa grandeur d’âme. Son bras droit, un muet, n’en pense pas moins, et son principal ennemi, un gros sergent maladroit et gentil, lui voue une admiration secrète. Comparaison n’est pas raison, dit le dicton. On observe pourtant une belle analogie entre la fiction et la réalité, de l’adjoint silencieux à l’opposant balourd. Sans doute M. Bianco n’a-t-il pas vu de rôle à sa mesure dans cette production à la française. Zorro a été une machine à rêve pour plusieurs générations d’enfants, par sa générosité, sa simplicité et son humanité. Et parce qu’il gagnait toujours contre les méchants. Puis le temps a englouti son aura, le submergeant de robots ou de mutants aux pouvoirs irréels, qui écornèrent sa gloire auprès des plus jeunes. Pourtant, nul doute qu’il aurait fait un excellent gouverneur de la Californie naissante, voire des Etats-Unis. Nous savons en France, en revanche, que l’on peut diriger un Etat en se prenant pour Dieu, que les cow-boys des ministères n’ont jamais eu besoin de six-coups pour imposer des lois toujours plus nombreuses et que depuis Henri Rochefort, les politiciens ont souvent eu la plume facile pour critiquer, rarement pour proposer. Heureusement, parfois, « un cavalier qui surgit de la nuit court vers l’aventure au galop… »


*Films avec pour héros Arnold Schwarzenegger

« Il faut faire de l’école un athlète et non plus un sumo » - Xavier Darcos, le 28/10/2008

Il y a 10 ans, Claude Allègre choisissait de comparer l’éducation publique à un mammouth qu’il convenait de dégraisser ; mais le mammouth a écrasé le ministre et a continué à brouter les vertes années de nos enfants. Malgré le réchauffement de la planète, l’éléphantidé ne semble pas suivre le chemin de ses ancêtres et s’est parfaitement adapté aux nouvelles conditions de son équilibre comme les 35 heures, les tailles basses avec string sorti pour les filles ou les caleçons apparents sur jean-sac de patates pour les garçons. Foin d’animalerie, Xavier Darcos, le ministre de l’éducation du gouvernement Fillon ne veut plus tromper énormément. Effet Bernard Laporte ou non, voici le temps du sport-roi. A moins que…Certains pourraient voir dans ce rejet du sumo une critique de Jacques Chirac, pourtant son mentor, et donc un signe d’allégeance à Nicolas Sarkozy. Chacun sait l’intérêt que porte notre ancien président à ce sport nippon, allant jusqu'à appeler son bichon maltais Sumo. Ce serait chercher la petite bête, ce qui, après un mammouth, risque d’être compliqué. Cette critique à l’encontre du sumo est d’ailleurs injuste. Tout d’abord, le sumo est un sport d’hommes, réservé aux hommes, ce qui est devenu très rare. Ensuite, les participants portent pour tout vêtement un mawashi, une bande de tissu serrée autour de la taille et de l’entrejambe, ce qui prouve leur courage. Enfin, les lutteurs ou rikishi sont sans doute un peu enveloppés, ils n’en sont pas moins des athlètes de haut niveau et suivent un régime réglementé avec réveil à 5 heures du matin et absorption du chanko nabe, une sorte de ragoût énergisant, matin, midi et soir. Trouvez-moi un écolier capable de cette astreinte et on en reparle. En réalité, il s’agit une fois de plus de faire le culte du corps, selon un modèle imposé par les magazines remplis page après page de créatures diaphanes et d’éphèbes improbables. Qu’est-ce qu’un athlète aujourd’hui ? Un sportif de haut niveau capable de se dépasser sans prendre de produits dopants ? Un gaillard aux muscles saillants recouverts d’huile, qui respire la force et fait fantasmer les donzelles et les gays ? Un combattant (du grec athlon « combat ») prêt à mourir pour sa patrie et à marcher pour qu’ « un sang impur abreuve nos sillons » ? Jules Ferry, père de l’école publique, laïque et gratuite, était également un partisan zélé de la conquête coloniale française. Il pensait sans doute que des bataillons de lettrés apporteraient une meilleure parole, et avec moins de fautes d’orthographe, aux sauvages du continent noir. Il ignorait en revanche que les athlètes les plus extraordinaires seraient d’origine africaine et se serviraient du sport comme un moyen d’attirer l’attention sur leurs conditions de vie aux Etats-Unis, comme le firent Tommie Smith et John Carlos aux Jeux Olympiques de Mexico. Les professeurs d’éducation physique apprécieront en tout cas cet hommage indirect rendu à leur travail, tandis que ceux de sumo se mettront en grève. Il est triste de penser que cela influera peu sur notre vie quotidienne. Il se peut aussi que les syndicats aient du mal à comprendre les souhaits du ministre et réclament des éclaircissements. Ceux-ci pourraient prendre la forme d’un voyage organisé pour les 800 000 enseignants à destination de Pékin en aout 2008 pour y suivre une formation accélérée en athlétisme. Une délégation pourrait même se rendre depuis la Chine jusqu’au Japon pour y constater de visu la faillite d’un système qui prend les sumos pour des Dieux alors que nous savons qu’ils ne sont même pas des athlètes. Au fait, combien de médailles avons-nous rapporté des derniers championnats du monde d’athlétisme ? Ah, deux ! On peut faire de l’école un athlète américain, please ?

LE SIECLE DES RUMEURS

Vous qui lisez ces mots avez un avantage sur moi qui les écrit : vous savez si La Rumeur était vraie. Le divorce des époux Sarkozy, premier couple de France, était annoncé par le fort sérieux quotidien La Tribune de Genève pour ce mercredi 17 octobre. Pas de commentaires officiels, mais une ribambelle de murmures, des insinuations, des canards et des couacs, du brouhaha. Et encore des commentaires sur les ouï-dire, le rôle de la presse et le droit de savoir versus la protection de la vie privée, la soi-disant auto-censure des journalistes français à cause de la collusion de leurs patrons avec le président (il paraît..). Pour finir l’inévitable mise en abîme de la presse qui s’interroge elle-même sur ses frontières et son statut et se répond que non, elle ne fait que son travail. Si ce n’est pas confirmé officiellement, on dit que c’est une rumeur, même quand on connaît la vérité. Une chose est sure, Nicolas Sarkozy se distingue une fois de plus de ses prédécesseurs. Sans parler de Tante Yvonne, icône de l’épouse effacée aux côtés du Général, les autres premières dames ont toujours respecté l’étiquette officielle et se sont comportées en femmes obéissantes au service de la nation. Les secrets bien gardés appartiennent à la petite histoire. Mais depuis la révélation « Mazarine », la dérive « pipeaule » charme les politiques qui le veulent bien. On atteint l’apogée avec cette interférence entre la vie privée et la vie publique d’un Président de la République Française. Peu m’importe qu’il y ait divorce ou non, cela ne me regarde pas. En revanche, cela me concerne en tant que citoyen car ces caquetages persistants monopolisent la parole publique et dressent un mur entre la cité et l’agora. Ce mur du son, aussi infranchissable que le mur de Berlin au beau temps de la RDA, encage la pensée libre et résiste aux attaques de raison. Les dîners en ville ne bruissent que de racontars sur le pourquoi du comment, « on a dit qu’il la… », « il parait qu’elle le… ». Après le couple Ségolène et François, voici le tour de Nicolas et Cécilia. Serait-ce une malédiction lancée par Jacques Chirac envers les candidats du second tour ? Ou simplement la preuve la plus absolue que la démocratie hexagonale fonctionne parfaitement, puisque le principal représentant des français fait mauvais ménage comme n’importe qui ? Les méchantes langues s’amusent de la rupture ; d’autres s’inquiètent des conséquences sur les affaires du pays. Et s’il se mettait à boire pour oublier, comme le mari de la gardienne de l’immeuble de mon beau-frère ? Allons, un peu de sérieux ! La société a vraiment évolué de façon incompréhensible vue de Sirius. Les valeurs incarnées et défendues par la fonction de Président de la République ne devraient pas subir les avanies du commun des mortels. Mitterrand a su faire taire les qu’en dira-t-on sur sa fille, protégeant, pour son profit certes, la fonction. Pourquoi la presse ne respecte-t-elle pas cette règle avec l’actuel chef de l’Etat ? La réponse « c’est lui qui a commencé à nous utiliser » n’est pas recevable. J’accuse notre société d’oublier les règles du jeu pour imposer la règle du je. Dessillons les yeux du peuple si nous voulons qu’il reprenne la route du progrès commun, mais respectons les institutions. Nos ancêtres romains se sont contentés du pain et des jeux, avant d’être submergés par la vague barbare. Etrange similitude avec notre XXIe siècle régressif. Qui visitera nos ruines, qui se souviendra de notre démocratie, qui reproduira nos erreurs ? Une rumeur dit que cela viendra du Sud, mais ce doit être encore un bruit infondé…

MOTS DE PASSE

Notre civilisation de l’image adore les mots, pour peu qu’ils soient imagés. De concept, ne parlons pas, d’ailleurs avez-vous croisé un intellectuel récemment ? Non, il s’agit bien de cette pornographie du langage, qui montre, éclabousse et ne laisse aucune part à la liberté. Les esprits doivent être frappés, le doute exilé, une vérité exhibée. Les politiciens modernes brillent à maîtriser cette méthode de discours, si loin du Discours de la Méthode. Quand François Fillon décrit l’Etat en situation de faillite, ce terme simple évoque immédiatement le pire, avec des résonances de rigueur, voire de ruine. Les médias s’en emparent et peuvent l’illustrer abondamment ; les syndicats, les conseillers gouvernementaux, jusqu’à Henri Guaino interviennent, non pas sur le sens, mais sur la valeur véhiculée. L’image est trop forte, elle perturbe la tranquillité de nos concitoyens. Le comble est atteint lorsqu’un mot est choisi uniquement pour ce qu’il représente. C’est le cas de Grenelle. On annonce le « Grenelle de l’environnement », le « Grenelle de l’audiovisuel », le « Grenelle de que sais-je encore ». Cet hommage insolite à la France gaullienne et à Jacques Chirac laisse peu de place à la situation réelle et néglige que ces accords ne mirent en rien fin à la grève. Pourtant, pour valoriser l’importance de tel symposium, on utilise une image forte, négligeant le contexte, privilégiant la simplification et tel un virus, le terme se propage de bouche en oreille, d’oreille en bouche. Certes, pour une fois qu’une innovation linguistique ne surgit pas de la banlieue, et se réfère à un fait historique, je ne devrais pas faire la fine bouche. Toutefois, imaginez si la réunion de 1968 s’était déroulée ailleurs. Passent encore « Les Champs-Elysées de l’environnement », de bon augure, ou le « Faubourg Saint-Honoré de l’audiovisuel », très chic ; mais aurions nous substantivé la rue du dessous-des-berges ou l’avenue Henri Martin ? Et je ne parle pas de la rue des rosiers ou de l’avenue Rapp. Franchement, le « Rapp de l’audiovisuel », vous y croyez ? Cette dérive trouvera sa conclusion soit dans le dictionnaire, et grenelle sera un nom commun masculin du XXIe siècle, signifiant assises nationales entre partenaires sociaux autour d’un thème qui semble important sur le moment, soit dans l’oubli. On pourrait égrener les mots-images prononcés par nos leaders d’opinion : de la guerre de Kouchner à l’impasse de Jospin, en passant par l’ouverture de Sarkozy, les mots frappent (encore une image) les esprits plus fortement qu’une démonstration abstraite. Rien de nouveau me direz-vous ? La différence fondamentale avec le passé repose sur l’achat comptant de ces mots-images. Ils se substituent à la réflexion et s’imposent à tous, devenant des mots d’ordre, qu’ils aient un fondement ou non. Ils viennent se coller aux images des journaux télévisés, aux photos des magazines et fabriquent un monde lisse pour la majorité des gens, toujours avides de fausses polémiques et adeptes du panurgisme de la pensée. Les intellectuels disparus au profit des pragmatiques politiques, les concepts philosophiques et moraux cèdent le pas aux images et ne nourrissent plus les débats qu’à condition d’apporter des solutions concrètes. Les jeux de mots, plaisir latin, deviennent le seul paradigme de la vivacité de l’esprit, plus encore s’ils critiquent la raison pure. On pourrait naïvement se réjouir de cette vigueur des mots dans la civilisation de l’image. Vous avez compris qu’il s’agit d’un leurre, que les mots ont été vampirisés : mordus par les images agressives, le venin de la simplification leur a été inoculé. Bientôt, ils seront lus uniquement sur un écran, cet allié indéfectible de l’image, puis ils se réduiront au strict nécessaire pour être compris des masses ; enfin, ils tomberont en poussière avec les livres abandonnés malgré les nombreux « Grenelle des mots » organisés pour leur survie.

lundi 1 octobre 2007

LES ROIS DE LA ROUTE

Entre la proposition d’un groupe de travail du « Grenelle de l’environnement » de réduire la vitesse de 10 km/h sur les routes et la volonté du gouvernement de doubler le nombre de radars sur ces mêmes routes d’ici 5 ans, inutile de se demander comment nous allons passer notre temps libre dans le futur. Finis les voitures individuelles à essence : trop polluantes, trop rapides. Nous serons dans des carrosses tirés par des chevaux, ou encore des chaises à porteurs - ça permet de créer des emplois-jeunes facilement. Bien sur, il faudra beaucoup plus de temps pour se déplacer, les maisons de campagne sentiront l’humidité et les grands-parents ne verront plus leurs petits-enfants que pour les congés d’été. Peu importe, le XXe siècle, siècle de la vitesse, est un has been et son successeur sera celui de la lenteur. Pas pour tout le monde naturellement : les convois prioritaires menés par des gendarmes cascadeurs au profit d’élus pressés de rentrer de week-end et d’éviter les embouteillages de la plèbe se multiplient, les sacrant rois de la route. Dans notre république à forte odeur de banane, ceux qui ne sont souvent que des petits marquis adorent bénéficier de menus privilèges, et le droit de ne pas perdre son temps dans les déplacements en est devenu un fameux. Ce scandale permanent ne date pas d’hier : quel homme public n’a pas rêvé d’un beau gyrophare, signe distinctif d’appartenance à une caste de seigneurs plus rare que la légion d’honneur ? Avant de passer aux chars à bœufs, on observe le retour en grâce du vélocipède dans nos cités. Tandis que les professionnels du braquet déraillent à coup de seringues et transforment des épreuves inhumaines en marché de l’OGM, nos amis les bobos s’extasient sur les bienfaits de la pédale, et pas seulement à Paris. Ah ce vélib’, effet secondaire du génocide de l’automobile en milieu urbain, quelle belle machine ! Qui, à part moi et les conducteurs de métro, n’a pas encore essayé ce moyen de locomotion écologique ? Quel bonheur de brûler les feux, d’insulter les piétons qui traversent sans méfiance à leur tour, de slalomer entre les autos en défiant les conducteurs, de mépriser le code de la route que l’on n’a jamais lu. Et le mois prochain, j’achète un scooter pour faire la même chose, mais en allant quatre fois plus vite… Est-ce bien de cette société que nous voulons ? Ce n’est pas mon choix. Devons-nous être une génération sacrifiée sur l’autel des erreurs passées ? Il semble que nous n’avons pas le choix, pour le bien de l’humanité (Mazette, quel poids sur nos épaules !). Pourtant, au lieu de réprimer, de museler et d’admonester, puis de caresser, de stimuler et de récompenser - comme on le fait pour un âne avec le bâton et la carotte - il existe une autre voie, plus créatrice et plus responsabilisante. Elle est plus exigeante et plus longue. Elle nécessite de modifier totalement notre système éducatif perverti par une tradition d’égalitarisme niveleur conjuguée au corporatisme syndical des enseignants. Elle réclame également la mort des télévisions privées, médias de masse coresponsables de l’appauvrissement intellectuel et culturel de notre société. Elle requiert enfin une mise à plat de la hiérarchie injuste imposée entre les formations et les métiers manuels, sportifs et intellectuels. Vaste chantier, utopique sans doute, mais combien plus stimulant que l’implantation de radars sur la nationale 118, soi-disant pour sauver des vies et juguler la pollution, alors qu’il ne s’agit que de totems représentant l’omnipotence de l’Etat. De toute façon, c’est inutile sur la 118, elle est toujours bouchée.

FUTUR IMMEDIAT

Paris, 31 décembre 2022. Résumé de l’allocution de la Présidente Yasmina Zidane, vidéodiffusée en HD sur les plates-formes gratuites et payantes du global media système, ainsi que sur les chaînes de télévision publiques. « Mes chers compatriotes, depuis ma prise de fonction en mai dernier, j’ai eu l’occasion de vous prouver ma détermination à protéger nos frontières des étrangers qui refusent de se soumettre au test ADN obligatoire pour tout nouvel arrivant dans notre pays. Vous vous souvenez peut-être que son instauration pour faciliter le regroupement familial en 2007 par le gouvernement de François Fillon, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, avait bouleversé l’opinion, rebutant les partis, et attirant les foudres de nombreuses ONG. La droite d’alors, pourtant dominatrice, n’assumait pas ce texte jugé « ignoble » par les communistes, aujourd’hui disparus de l’échiquier politique européen. Les élucubrations les plus farfelues nourrissaient la peur de se faire traiter de raciste, oubliant que l’Italie, l’Allemagne, la Belgique, la Grande-Bretagne appliquaient déjà une mesure similaire, fondée sur l’ADN. Certains n’hésitaient pas à contester le concept même de famille, expliquant qu’en Afrique, les frères, les cousins, les oncles et tantes vivent sous le même toit constituant aussi une famille. Finalement adoptée, cette loi ouvrait une ère nouvelle. Nous savons aujourd’hui que la biométrie facilite la vie quotidienne, permet de surveiller les délinquants et d’éviter les erreurs judiciaires. N’oublions toutefois jamais que l’immigration contrôlée n’a pu trouver son équilibre que grâce au travail extraordinaire de la CNIL pour éviter les dangereux débordements sur la vie privée. Grâce à sa vigilance et à votre implication citoyenne, mes chers compatriotes, la France est parvenue à maintenir une authentique démocratie républicaine, quand les Etats-Unis, la Russie, la Chine et l’Inde poussaient la logique sécuritaire vers l’autarcie et la dictature ; l’élection de la petite-fille d’un joueur de football d’origine kabyle témoigne du succès de cette politique de contrôle mise en place il y a quinze ans. La patrie des droits de l’homme ne pouvait continuer à accueillir au détriment de ses forces vives toute la misère du monde. Quand la barque est pleine, on ne prend pas le risque de la faire chavirer pour sauver un malheureux de plus. On pense d’abord à protéger ses passagers. Accompagnée de la suppression des 35 heures, de milliers de postes de fonctionnaires partis à la retraite et non remplacés et de la réforme de l’éducation nationale, cette politique courageuse a creusé les fondements de notre société d’aujourd’hui et nous permet d’accomplir en 2023 ce nouveau pas vers l’avenir : la naissance des Etats Européens Unifiés, simplement appelés Europa. Je proposerai ma candidature au nom de la France pour être élue première Présidente d’Europa. Tous les pays protégés par le système Hélice – ce qui exclu donc la Turquie et la Grande-Bretagne – voteront avec leur carte HadéainE sur le site sécurisé du parlement européen pour choisir leur candidat. Je compte sur chacun de vous, mes chers compatriotes, pour permettre à la France de garder sa place dans le concert des nations. Merci de votre attention. »

mercredi 5 septembre 2007

LA DRAMATURGE ET LE PRESIDENT

Journal de campagne, portrait d’un ambitieux, roman politique, évènement de la rentrée littéraire, que de qualificatifs variés pour le nouveau livre de Yasmina Reza ! Si un ouvrage était attendu, c’est bien celui-la. Pas autant que le dernier Harry Potter quand même ; mademoiselle Reza ne fait pas dans le populaire. Depuis l’immense succès de la pièce de théâtre Art, elle incarne subtilement la gauche caviar, ces pipeaules ignorés par Voici et qui méprisent Gala. Et de se prendre à écrire sur le candidat Sarkozy en campagne, tel un Moati sans caméra, mais avec des mots bien choisis. Et de joliment retranscrire en langage stylisé des impressions, des moments de vie, des séances de travail. La plume se veut pinceau. Paris valait bien une messe, l’ambition littéraire vaudra bien une immersion dans l’adversité. L’objet existe, délicat, irréel, il transcende les genres et a donc atteint son but. Création philosophique sur fond authentique, L’aube le soir ou la nuit se fait précieux pour jongler avec le vulgaire. Rencontre de la dramaturge parisianiste et du harangueur des provinces. Chaque lecteur y prendra ce qu’il y vient chercher et ce qu’il y apporte : anecdotes, petits secrets révélés, réflexions sur la méthode, confirmation du personnage ou redécouverte de l’acteur. Oui, voici ce que Yasmina Reza a prélevé dans l’homme étudié : l’acteur politique, celui qui, par ses actes, joue un rôle dans l’histoire. France, septembre 2007. Après quatre mois de pouvoir, Nicolas Sarkozy continue sur le même rythme, et tous de prendre sa foulée, son braquet ou ce que vous pouvez. Les italiens nous l’envient, les américains voteraient pour lui s’il se présentait. Roi de la communication, il existe sur tous les terrains et le fait savoir, avec cette touche de vulgus pecum paternel. Il soutient le PSG au Parc des Princes, et ses fils l’accompagnent. Il accompagne les forçats de la route dans leur escalade vers l’Alpe d’Huez, sans vouloir nous faire croire qu’il les connaît. Il les connaît ! Yasmina Reza l’a côtoyé pendant une année entière et peut en témoigner. Alors quoi, c’est ça l’évènement ? Le Président de la République est un français moyen qui adore Chimène Badi, Johnny Hallyday, le vélo et le foot. On le voit torse nu sur des photos, et il dit des gros mots quand il est énervé. Il est vantard et bagarreur comme Saturnin le canard, il a peur de la fuite du temps - présupposé de la dramaturge confirmé sans surprise - il aime surtout gagner. Où se niche l’évènement ? Dans le rire gras et revanchard des plumitifs médiocres ? En réalité, il n’y en a pas. Uniquement un excellent livre qui dépasse heureusement les attentes des intellectuels de gauche et de droite, lesquels se délectaient déjà des traits d’esprits de Melle Reza aux dépens de l’avocat jugé parvenu. Le seul évènement, comme le souligne son étymologie - avènement - a déjà eu lieu : il survint le 6 mai dernier et ne cesse depuis de prendre de l’ampleur. Comme Mitterrand en son temps, Nicolas Sarkozy a enclenché un processus rénovateur de la société dans sa profondeur. Il situe les valeurs, érige les paradigmes et toujours en mouvement mène la marche. Pour aboutir totalement, il faudra un peu de temps, ce bien le plus rare et le moins substituable, mais l’acteur devenu personnage de roman inspire désormais la moindre action à tous les réalisateurs du pays, les entrepreneurs, dirigeants et hommes de bonne volonté. Alors si vous avez aimé le livre, vous adorerez le film. Prochainement partout.

jeudi 19 juillet 2007

REVE D’ENFANCE

Lorsque j’étais enfant, vers 9 ou 10 ans, je voulais être Président. Ou Pape. Ca dépendait des jours. Pape, c’était plus vaste, mais je ne croyais pas en Dieu, et cela me semblait éliminatoire pour le poste. Je me souviens de l’élection de 1974, le suspense touchait à son paroxysme. Giscard, non Mitterrand, ah VGE repasse en tête. Oui, il a gagné. Tous les regards, les espoirs, les craintes aussi, convergeaient vers un seul homme, l’Elu. Oui, me dis-je alors, je serais Président de la République, et tout le monde m’aimera, je pourrai faire le bien, les vilains cocos (je savais depuis deux ans qu’il ne s’agissait pas de singes) ne pourront pas nous envahir. Le journal de Mickey sera distribué gratuitement, Saint-Etienne gagnera la coupe d’Europe des clubs champions, et Elvis Presley donnera un concert rien que pour moi. Les rêves d’enfants passent avec le temps, on se penche sur les choses sérieuses comme l’acné, les seins des filles, les manifestations étudiantes et le cinéma. On intègre Sciences-po mais la foi a disparu. Pas pour tout le monde. Certains y croient plus dur que d’autres, et ils ont raison : Nicolas Sarkozy a fait jouer Michel Polnareff sur le champ de Mars, rien que pour lui et quelques autres ; il a fait défiler comme dans son imaginaire de loupiot toutes les armées européennes sur les Champs-Elysées ; il ne lui reste plus qu’à faire gagner le championnat au PSG, mais enfin là, à l’impossible nul n’est tenu. C’est quand même extraordinaire, cette propension à transformer le rêve en réalité ! Et la France, cette vieille coquette trop maquillée, fond pour ce séducteur, enjôleur, baratineur qui trouve les mots pour lui redonner envie de plaire, de faire, d’exister. A marche forcée, à la baïonnette, à la hussarde, elle se fait prendre comme au temps du Général. « Et bien se dit la vieille, qu’on me désire encore, ce serait extraordinaire et pour tout dire inespéré ». Brassens l’a chanté, Nicolas l’a incarné. Ce Nicolas Sarkozy, quel bel homme, pourrait dire Laurent Gerra imitant un Jack Lang conquis à son tour. Et tandis que se poursuit la session parlementaire extraordinaire, les français confiants et repus laissent les clés de la République à leur nouvel héros et s’évanouissent sur les plages humides, dans les montagnes pleines de vélos sans seringues ou au cœur des campagnes si vertes qu’un radar s’est perdu. Dans 45 jours déjà, la fin des amours de vacances : la France se retrouvera-t-elle abandonnée ? Fera-t-elle une poussée de fièvre jalouse : tu ne me regardes plus comme au printemps, Nicolas, tu en aimes une autre, cette Europe bien grasse qui déborde de partout, jusqu’en Turquie. Ou bien cette Afrique cambrée et souriante, j’ai bien vu comment tu voulais la persuader de vivre avec nous si elle accepte de parler français et de faire garder ses enfants par la tribu. Tu m’avais promis que tu m’aimerais toujours, que j’étais la seule. Pas si facile d’être Président ! Après l’état de grâce surgit toujours la crise de confiance, comme dans un couple. C’est à la façon de la gérer que se gagnent ou se perdent les quatre ans et demie qui suivent. Gageons que la dynamique présidentielle ne sera pas enrayée par les pâles et rares rayons de soleil de l’été français. Et si la photosynthèse ne suffit pas, il reste encore les UV.

lundi 9 juillet 2007

LE TEMPS DES MAGICIENS


Tous les magiciens ne prononcent pas la même formule pour combattre les forces du mal. Cette semaine, deux grands sorciers utilisent des sortilèges pour triompher de leurs ennemis ; le résultat en sera forcément différent. Le célèbre Harry Potter tente de convaincre les fonctionnaires du ministère de la magie que celui-qu’on-ne-doit-pas-nommer est de retour. Ces incrédules se protègent en nommant un nouveau directeur dont la tâche principale sera d’humilier le présomptueux chenapan. Heureusement, le malicieux enchanteur vaincra les méchants et les lâches, non sans subir de douloureux dommages collatéraux. Encore plus fort, Nicolas Sarkozy emploie deux incantations à la fois, la première pour détruire de l’intérieur le Parti Socialiste, la seconde pour faire avaler des couleuvres à ses amis. Répertoriée sous le terme d’Ouverture dans le grand livre de la magie politique, cette pratique qui englobe les deux charmes est particulièrement complexe à réussir et nécessite une dextérité, une expérience et une puissance au dessus de la moyenne. Nombreux sont ceux qui l’ont invoquée ; peu y sont parvenus sans créer de terribles effets pervers : révolution, dissolution, échec aux élections. Les outrecuidants mages ne sont plus que souvenirs oubliés… Nicolas Sarkozy prouve qu’il n’a pas peur de l’échec, car sa confiance est inébranlable. Il faut dire que le terrain est propice aux expérimentations : le PS n’en fini plus de s’effondrer sur lui-même, ses membres éminents fuient par chaque ouverture, tels des éphémères attirés par la lumière brillante du soleil. Ils savent qu’ils vont brûler, mais ils foncent droit devant. Car derrière eux, la sirène Segolenator avance et ne leur laissera aucune chance. Entre deux maux, autant choisir celui que l’on n’a pas encore subi. Plus difficile, la seconde partie de l’enchantement consiste à violer la droite qui pensait avoir gagné le droit à participer à une politique économique libérale et qui observe ses adversaires lui prendre les postes auxquels elle prétendait. Il s’agit, mesdames, messieurs, d’un tour extrêmement difficile, je vous prierais de retenir votre souffle, de vous armer de patience et de me faire confiance. Dès que le premier sortilège aura rempli son office, à savoir la désintégration de la gauche classique, je viendrais solliciter quelques-uns parmi vous pour bâtir le grand parti du Président, ni droite, ni gauche, ni centre. Des hommes et des femmes, à parité, des blancs, des noirs et des arabes, à parité, des asiatiques s’ils le demandent, chaque tranche d’âge représentée, des gays et des hétéros, des sportifs et des fumeurs, des patrons et des salariés, tous à parité. Et nous montrerons au monde que la France est redevenu le pays le plus progressiste du monde. Ensuite, je vous montrerai un nouveau tour de magie pour résorber le déficit public. Applaudissements. Mérités. Après Besson, Kouchner et Bockel, DSK et Jack Lang vont-ils être « piégés » à leur tour par le nouvel Houdini ? Certains socialistes applaudissent, François Hollande garde seul une maison gruyère qu’il défend avec conviction et sans espoir, face à la double adversité de Ségolenator et du magicien Sarkozyni. En 1969, le grand Ensorceleur Mitterrand avait métamorphosé la SFIO en PS, avec la rose comme baguette magique. Il semble bien que 2007 sonne comme le début de la fin de cette formidable illusion, qui parvint à brouiller les esprits de nombreux spectateurs pendant près de quarante ans, survivant à son créateur. Et voici que s’annonce la tempête fomentée par une magicienne nouvellement diplômée, pour que renaisse le mirage d’une gauche républicaine responsable. La magie n’est pas prêt de quitter le monde.

PG-09 juillet 2007

lundi 2 juillet 2007

L’AFFAIRE GUY ROUX

En 1995, il y a eu l’arrêt Bosman, célèbre décision de la Cour de Justice Européenne, qui a profondément transformé le football en appliquant aux joueurs le droit à la libre circulation des travailleurs entre états membres. Depuis, nos meilleurs joueurs se font encourager par les anglais, les espagnols ou les italiens, et notre championnat, survalorisé financièrement, est le théâtre de l‘affrontement de seconds couteaux, de jeunes pousses et de futurs retraités. En 2007, y aura-t-il un arrêt Guy Roux ou même une loi Guy Roux ? Le Président de la République, madame le ministre des finances, et madame le ministre des sports sont tous intervenus, à différents niveaux, pour défendre le droit au travail de l’idole du peuple d’Auxerre parti pour Lens. Quoi, on veut empêcher un homme, qui plus est une personnalité, de travailler après 65 ans ! C’est honteux. Injuste. Que ce soit la règle de la Charte de la corporation, que Guy Roux l’ai acceptée dans un premier temps, ce n’est pas une raison pour ne pas s‘en émouvoir ensuite… Il est bien triste de constater qu’une fois de plus, la polarisation des médias sur le cas d’un people représente le meilleur moteur, sinon le seul, pour transformer la société. La pyramide des âges est devenue un cylindre, les seniors peuvent en remontrer aux plus jeunes, et Jeannie Longo, 48 ans, est devancée par Edwige Pitel, 40 ans aux derniers championnats de France de cyclisme féminin. Fini le jeunisme. Les gamins, vous devrez patienter avant de nous prendre nos places, car avec la future loi Guy Roux, on s’arrêtera quand on voudra. Et si on veut faire une pause une année et revenir ensuite, il vous faudra nous laisser la place. Et toc ! Reste que cette situation n’est pas sans répercussion sur la société. Je ne parle pas des 21% de chômeurs de moins de 25 ans - parmi ceux-ci, trois sont candidats (d’après mes sources) au poste d’entraîneur de Lens si Guy Roux n’obtient pas gain de cause : leur nombre ira croissant si la croissance ne croît pas. Je m’interroge sur la montée du tanguysme, ce phénomène décrit par Etienne Chatilliez en 2001 dans le film Tanguy. En effet, avec la loi Guy Roux, la concurrence entre jeunes et vieux se fera évidemment au détriment de la bleusaille, inexpérimentée mais aux revendications salariales insensées. Donc fini le travail pour les jeunes. Dès lors, pas de travail, pas de logement, pas de logement, pas de travail. Or, les parents étant de plus en plus responsables des faits et gestes de leur progéniture, impossible de les laisser dans la nature livrés à eux-mêmes, sous peine de prison pour les dits parents. Les enfants vont donc rester au sein du nid parental, et tel des parasites, vivre aux crochets des aïeux, rançonnant le grand-père à sa sortie de bureau, mettant la mamie sous pression pour confisquer sa prime de compétitivité. Ce sera l’enfer sur Terre pour les plus de 40 ans. La lutte des classes deviendra la lutte des âges. Ignorant les bienfaits du travail, cette génération transmettra à sa descendance les valeurs de la sangsue et du ver solitaire. Le savoir sera perdu ; faute de travailleurs, les entreprises fermeront leurs portes les unes après les autres. Il n’y aura plus de transports, on cueillera des fruits pour se nourrir et l’espère humaine s’éteindra, incapable de se défendre contre les animaux redevenus sauvages. Et tout ça parce que Guy Roux a voulu, ce jour de juin 2007, recommencer à travailler à 68 ans… Au fait, qu’en pensent MM. Le Lay et Mougeotte ?

PG-2 juillet 2007

dimanche 17 juin 2007

LA GUERRE DES ROSES

A l’image du PSG, la France est incapable d’enchaîner plusieurs victoires de rang. Après trois élections pour reprendre confiance, on retombe dans les atermoiements, les doute, la médiocrité. Les français sont pire que des veaux : des moutons grégaires et craintifs, il suffit de revoir « La traversée de Paris » pour se dire que rien n’a changé. « Salauds de pauvres », criait Gabin au cafetier qui ne voulait pas d’histoires . La TVA sociale, en voila une drôle d’histoire. Sarkozy en avait parlé, ah bon ? On n’avait pas compris. Félicitations pour le courage en tout cas : annoncer, entre les deux tours d’une législative, une réforme qui peut avoir une implication sur le pouvoir d’achat des électeurs, nécessite du cran et de l’honnêteté. De la candeur aussi, voir le goût du suicide ! On ne porte pas le titre de droite la plus bête du monde depuis 1924 pour rien. Malgré la remise en forme par Nicolas Sarkozy au pas de course depuis quelques mois, il reste encore des scories. Tout de même, les électeurs n’ont pas donné un blanc-seing au Président, et la gauche possède une capacité de nuisance inversement proportionnelle à sa capacité de faire des propositions. Elle est donc à son meilleur niveau en ce moment. Un joli relais des médias pour embrouiller ce qui est déjà complexe et le tour est joué : TVA sociale=avantage aux riches=entourloupe de droite. Bêêêh, bêêêh, bêêêh font nos moutons… Bah, la majorité absolue est acquise et seule la victoire est belle. Après tout, de ces élections législatives, on retiendra peu d’évènements : la tristesse pour Juppé, qui ne finira jamais de payer pour Chirac ; le dépit de voir Montebourg élu ; et l’est de Paris qui s’enfonce toujours un peu plus dans la folie des bobos et des bozos : toujours plus à gauche, se préparant à détruire, après les transports, toute forme de mise en valeur du travail. Qu’ils sont malheureux ces Parisiens, si préoccupés par leur chèque de fin de mois qu’ils oublient de voir les SDF qui s’agglutinent sur les trottoirs depuis six ans. Non, le coup de tonnerre de ce dimanche 17 juin, c’est bien sur l’annonce officielle de la séparation entre François et Ségolène. Le reste n’est que broutille, et madame Royal l’a bien compris. Constatant que son intervention, qui reprenait les priorités du gouvernement en les paraphrasant dans son propre vocabulaire et avec sa diction si particulière, n’intéressait que les habitants de Melle, l’annonce de la parution du livre évoquant ce fait saillant de leur vie privée est venue opportunément se greffer aux commentaires sur les résultats du second tour. La droite a gagné, la gauche n’est pas humiliée, la belle affaire. Ségolène Royal est une femme libre, qui fera tout pour récupérer un appareil qui lui a fait défaut le 6 mai dernier - le parti socialiste - et ainsi remporter la prochaine présidentielle. (Pitié !!) Désormais, la France est scindée en deux : les Royalistes et les Hollandais. Assisterons-nous prochainement à un remake du film bien nommé La guerre des Rose ? Reprenant les rôles de Michael Douglas et Kathleen Turner, le premier secrétaire du parti et son ex-compagne remporteront-ils un franc succès au box-office de l’édition et de la politique ? Trop tôt pour une diffusion lors de la fête du cinéma qui débute le 24 juin, l’adaptation sur grand écran de cette version 2007 aurait certainement concurrencé Ocean’s 13. Ce all stars cast (production US avec beaucoup de vedettes) comblera les aficionados des films d’arnaques, mais ne laissera pas un souvenir impérissable chez les autres. Heureusement, ce pur divertissement ne se prend pas au sérieux, pas plus que ses comédiens Messieurs Clooney, Pitt, Pacino ou Damon. Aux Etats-Unis, on peut être riche et célèbre et s’amuser dans son job. En France, le chemin est encore long pour faire accepter l’idée que succès se mérite mais n’est pas du. Alors, au boulot maintenant !

PG -17 juin 2007

mercredi 13 juin 2007

UNE MAJORITE BIEN PROPORTIONNEE

Après la congratulation nationale due au fort taux de participation à l'élection présidentielle - "Ah que la France est belle lorsqu'elle se déplace en masse pour honorer la démocratie" - vient le temps des désillusions avec le premier tour des législatives - « la gauche est démobilisée après cette terrible défaite » ; « le quinquennat a anéanti le sens des législatives » ; « Sarkozy avait tout calculé en inversant l’ordre des élections » ; « tout était joué d'avance » ; « on l'avait dit qu'il fallait la proportionnelle, cette Assemblée ne représente en rien le choix des électeurs ». Ah que la France est triste lorsqu'elle perd sa mémoire. Inutile de remonter à l’instabilité de la IVe République, c’est bien la proportionnelle qu’utilisa Mitterrand pour permettre au Front National de rassembler 35 députés en 1986 afin d’affaiblir la droite traditionnelle. Le Parti Socialiste incapable de mobiliser ? Encore faudrait-il trouver des idées et arrêter d’agiter les épouvantails : après le « tout sauf Sarkozy », voici venu le temps de « une trop forte majorité est un danger pour la démocratie ». Théorème valable uniquement pour la droite : en 1981, il y avait 329 députés socialo-communistes sur 491, soient 67% de l’Assemblée, mais aucun danger pour la démocratie car « on passait de l’ombre à la lumière ». Idem, ce théorème ne s’applique pas aux élections régionales : 20 régions à gauche sur 22, aucun danger pour la démocratie. Élections régionales dont le mode de scrutin est … la proportionnelle, bien plus démocratique que le scrutin majoritaire, comme on peut le constater. Quant au quinquennat, n°45 des 110 propositions du candidat à la rose en 1981, il conduit naturellement à une présidentialisation du régime, mais finalement, n’est-ce pas ce que souhaitent les Français ? Dans l’esprit d’une majorité d‘entre eux, le pouvoir législatif est subordonné au pouvoir exécutif. Avec un chef qui « dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit », les lois ne seront que la concrétisation de ses orientations. Creusant le sillon de la monarchie absolue, nous avons toujours remis les clés de la maison France à des hommes incarnant l‘ordre et la sécurité, avec plus ou moins de bonheur : de M. Thiers à Napoléon, de De Gaulle à Poincaré, de Clémenceau à Pétain, de Sarkozy à Mendès-France. En revanche, nous n’avons jamais apprécié à leur exacte valeur ces aréopages d’élus, responsables au pire de la Terreur, au mieux de la Reconstruction avant l’instabilité. De toute façon, combien de français comprennent le rôle réel des députés, sans même évoquer celui des sénateurs ? Alors, certes, il est choquant que les 7% du Modem soient moins récompensés en siège que les 4% du PC. Mais outre le fait que François Bayrou savait parfaitement ce qu’il faisait, et avait de facto accepté les règles du jeu, aucun électeur ne prendra les armes pour réclamer une représentativité parlementaire plus juste ou plus large. D’ailleurs, lorsque une minorité de français veut exprimer son désaccord avec le pouvoir exécutif, elle manifeste, elle fait grève, elle prend ses compatriotes en otage, elle défile, mais jamais elle ne pense qu’elle vit dans une démocratie représentative. Alors à quoi bon vouloir se faire élire ? Pourquoi perdre sa santé, parfois sa famille, pour un peuple d’ingrats et d’ignares ? Pour l’argent, que nenni ! Pour le pouvoir, il est illusoire ! A moins que tous ne courent vers l’inaccessible étoile de la Présidence, tels les spermatozoïdes vers l’ovule, lancés dans un flot qui les dépasse et les submerge. Faites un geste, allez les soutenir dimanche dans l’urne, avant d’aller voir Shrek le troisième. On y parle aussi de pouvoir, d‘alliance et de trahisons, de décisions impopulaires et de résistance, mais en riant de bon cœur et en parodiant contes de fées, Harry Potter et Merlin l’enchanteur. Votez pour le monstre vert. Et je ne parle pas de Noel Mamère.

WIKIPEDIA 2012

6 mai 2007. Ségolène Royal est élue Présidente de la République Française. « Une Présidente Royal » , titre Libé. « Nicolas Sarkozy battu », à la une du Figaro. 50,3% contre 49,7 %. Mais que s’est-il donc passé entre les deux tours ? Contre toute attente, le candidat de l’UMP a craqué dans la dernière ligne droite. Les sondages après le débat ont montré que sa passivité face aux attaques de sa concurrente ont nuit à son image de battant. « Je ne suis pas énervée, je suis en colère, il y a des colères saines ». Cette phrase a fait mouche dans l’opinion, affirmant qu’une femme peut se révolter sans hystérie. Les électeurs n’ont pas compris pourquoi il ne lui « rabattait pas son caquet » - je cite un des sondés. Certains indécis en ont conclu que l’homme à poigne, c’était elle. C’est une grande désillusion à droite, et une divine surprise à gauche. DSK, nommé Premier ministre, a ravalé son orgueil et accepté les conditions de sa rivale des primaires du PS. L’ouverture à Besancenot et Hulot, nommés respectivement ministre des transports et ministre de la lutte contre le gaspillage ; l’alliance avec le Modem de François Bayrou aux législatives ; le raz de marée du pacte socialo-écolo-centro-trotskyste à ces mêmes législatives ; la prise du pouvoir de Dominique de Villepin à l’UMP après la démission de Nicolas Sarkozy. Tous ces évènements survenus dans les deux mois qui suivirent ce 6 mai historique ont profondément modifié la société française. Incapables de gouverner ensemble, les membres de l’Alliance Royaliste - ainsi fut-elle baptisée par ses fondateurs - se sont rapidement réorganisés en sous-groupes au Palais Bourbon, reprenant leurs réflexes originels droite-gauche ; mais le partage des sièges à l’Assemblée voulu par la Présidente s’est alors traduit par une impossibilité à trouver une majorité pour voter les lois. Gouvernant à coup de 49-3, DSK fut rapidement censuré, remplacé par Montebourg pendant trois semaines puis par Bayrou, qui parvint en navigant tantôt à droite, tantôt à gauche, à faire passer quelques textes comme la fameuse loi « béarnaise » sur le rôle fondamental du cheval dans la société et son retour en ville pour remplacer les voitures. A cette date, les instances européennes avaient officiellement prononcé la faillite de la France et son exclusion de facto de l’Europe (confirmant ainsi les 2 référendums sur ce thème proposés par la Présidente Royal en juillet et novembre 2007). Les « peoples » quittaient le pays les uns après les autres, suivant ainsi le mouvement initié par les pionniers Mireille Matthieu, Gilbert Montagné et Enrico Macias. Patrick Sébastien lui-même affirmait être un déçu du « Bayroutisme ». La Présidente touchait le fond des sondages avec 23% de satisfaction et les gens regrettaient l’Age d’Or de la Chiraquie, l’ancien Président ne manquant jamais l’occasion, lors de ses nombreux déplacements à l‘étranger, de raconter en off ce qu’il aurait fait s’il avait été dans cette situation. C’est à l’occasion de l’anniversaire des trois ans de son élection que la Présidente Royal devint la Présidente-à-vie Royal : soutenue par la Nouvelle Armée Populaire, dont le gros de la troupe est constitué par les banlieusards délinquants envoyés apprendre l’Ordre Juste depuis septembre 2007 en Afrique, elle prit le pouvoir par les armes, puis triompha par un plébiscite qui associait le rétablissement de la peine de mort à la validation de son nouvel état. Les Royalistes triomphaient, la dictature matriarcale s’imposait au monde comme le vecteur de l’Ordre Juste, et les frontières se refermaient sur les 40 millions de français restants. On a appris cette nuit que l’ONU et l’OTAN ont voté une intervention militaire contre la France et sa leadeuse, « en raison du risque élevé de guerre que cette nation fait porter au monde libre. » L’ordre de mobilisation de chacun et chacune parviendra dans tous les foyers à 8 heures ce matin dans les boites mail obligatoires fournies gracieusement par l’Etat. Vive La Présidente ! Vive la France !