mercredi 13 juin 2007

UNE MAJORITE BIEN PROPORTIONNEE

Après la congratulation nationale due au fort taux de participation à l'élection présidentielle - "Ah que la France est belle lorsqu'elle se déplace en masse pour honorer la démocratie" - vient le temps des désillusions avec le premier tour des législatives - « la gauche est démobilisée après cette terrible défaite » ; « le quinquennat a anéanti le sens des législatives » ; « Sarkozy avait tout calculé en inversant l’ordre des élections » ; « tout était joué d'avance » ; « on l'avait dit qu'il fallait la proportionnelle, cette Assemblée ne représente en rien le choix des électeurs ». Ah que la France est triste lorsqu'elle perd sa mémoire. Inutile de remonter à l’instabilité de la IVe République, c’est bien la proportionnelle qu’utilisa Mitterrand pour permettre au Front National de rassembler 35 députés en 1986 afin d’affaiblir la droite traditionnelle. Le Parti Socialiste incapable de mobiliser ? Encore faudrait-il trouver des idées et arrêter d’agiter les épouvantails : après le « tout sauf Sarkozy », voici venu le temps de « une trop forte majorité est un danger pour la démocratie ». Théorème valable uniquement pour la droite : en 1981, il y avait 329 députés socialo-communistes sur 491, soient 67% de l’Assemblée, mais aucun danger pour la démocratie car « on passait de l’ombre à la lumière ». Idem, ce théorème ne s’applique pas aux élections régionales : 20 régions à gauche sur 22, aucun danger pour la démocratie. Élections régionales dont le mode de scrutin est … la proportionnelle, bien plus démocratique que le scrutin majoritaire, comme on peut le constater. Quant au quinquennat, n°45 des 110 propositions du candidat à la rose en 1981, il conduit naturellement à une présidentialisation du régime, mais finalement, n’est-ce pas ce que souhaitent les Français ? Dans l’esprit d’une majorité d‘entre eux, le pouvoir législatif est subordonné au pouvoir exécutif. Avec un chef qui « dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit », les lois ne seront que la concrétisation de ses orientations. Creusant le sillon de la monarchie absolue, nous avons toujours remis les clés de la maison France à des hommes incarnant l‘ordre et la sécurité, avec plus ou moins de bonheur : de M. Thiers à Napoléon, de De Gaulle à Poincaré, de Clémenceau à Pétain, de Sarkozy à Mendès-France. En revanche, nous n’avons jamais apprécié à leur exacte valeur ces aréopages d’élus, responsables au pire de la Terreur, au mieux de la Reconstruction avant l’instabilité. De toute façon, combien de français comprennent le rôle réel des députés, sans même évoquer celui des sénateurs ? Alors, certes, il est choquant que les 7% du Modem soient moins récompensés en siège que les 4% du PC. Mais outre le fait que François Bayrou savait parfaitement ce qu’il faisait, et avait de facto accepté les règles du jeu, aucun électeur ne prendra les armes pour réclamer une représentativité parlementaire plus juste ou plus large. D’ailleurs, lorsque une minorité de français veut exprimer son désaccord avec le pouvoir exécutif, elle manifeste, elle fait grève, elle prend ses compatriotes en otage, elle défile, mais jamais elle ne pense qu’elle vit dans une démocratie représentative. Alors à quoi bon vouloir se faire élire ? Pourquoi perdre sa santé, parfois sa famille, pour un peuple d’ingrats et d’ignares ? Pour l’argent, que nenni ! Pour le pouvoir, il est illusoire ! A moins que tous ne courent vers l’inaccessible étoile de la Présidence, tels les spermatozoïdes vers l’ovule, lancés dans un flot qui les dépasse et les submerge. Faites un geste, allez les soutenir dimanche dans l’urne, avant d’aller voir Shrek le troisième. On y parle aussi de pouvoir, d‘alliance et de trahisons, de décisions impopulaires et de résistance, mais en riant de bon cœur et en parodiant contes de fées, Harry Potter et Merlin l’enchanteur. Votez pour le monstre vert. Et je ne parle pas de Noel Mamère.

WIKIPEDIA 2012

6 mai 2007. Ségolène Royal est élue Présidente de la République Française. « Une Présidente Royal » , titre Libé. « Nicolas Sarkozy battu », à la une du Figaro. 50,3% contre 49,7 %. Mais que s’est-il donc passé entre les deux tours ? Contre toute attente, le candidat de l’UMP a craqué dans la dernière ligne droite. Les sondages après le débat ont montré que sa passivité face aux attaques de sa concurrente ont nuit à son image de battant. « Je ne suis pas énervée, je suis en colère, il y a des colères saines ». Cette phrase a fait mouche dans l’opinion, affirmant qu’une femme peut se révolter sans hystérie. Les électeurs n’ont pas compris pourquoi il ne lui « rabattait pas son caquet » - je cite un des sondés. Certains indécis en ont conclu que l’homme à poigne, c’était elle. C’est une grande désillusion à droite, et une divine surprise à gauche. DSK, nommé Premier ministre, a ravalé son orgueil et accepté les conditions de sa rivale des primaires du PS. L’ouverture à Besancenot et Hulot, nommés respectivement ministre des transports et ministre de la lutte contre le gaspillage ; l’alliance avec le Modem de François Bayrou aux législatives ; le raz de marée du pacte socialo-écolo-centro-trotskyste à ces mêmes législatives ; la prise du pouvoir de Dominique de Villepin à l’UMP après la démission de Nicolas Sarkozy. Tous ces évènements survenus dans les deux mois qui suivirent ce 6 mai historique ont profondément modifié la société française. Incapables de gouverner ensemble, les membres de l’Alliance Royaliste - ainsi fut-elle baptisée par ses fondateurs - se sont rapidement réorganisés en sous-groupes au Palais Bourbon, reprenant leurs réflexes originels droite-gauche ; mais le partage des sièges à l’Assemblée voulu par la Présidente s’est alors traduit par une impossibilité à trouver une majorité pour voter les lois. Gouvernant à coup de 49-3, DSK fut rapidement censuré, remplacé par Montebourg pendant trois semaines puis par Bayrou, qui parvint en navigant tantôt à droite, tantôt à gauche, à faire passer quelques textes comme la fameuse loi « béarnaise » sur le rôle fondamental du cheval dans la société et son retour en ville pour remplacer les voitures. A cette date, les instances européennes avaient officiellement prononcé la faillite de la France et son exclusion de facto de l’Europe (confirmant ainsi les 2 référendums sur ce thème proposés par la Présidente Royal en juillet et novembre 2007). Les « peoples » quittaient le pays les uns après les autres, suivant ainsi le mouvement initié par les pionniers Mireille Matthieu, Gilbert Montagné et Enrico Macias. Patrick Sébastien lui-même affirmait être un déçu du « Bayroutisme ». La Présidente touchait le fond des sondages avec 23% de satisfaction et les gens regrettaient l’Age d’Or de la Chiraquie, l’ancien Président ne manquant jamais l’occasion, lors de ses nombreux déplacements à l‘étranger, de raconter en off ce qu’il aurait fait s’il avait été dans cette situation. C’est à l’occasion de l’anniversaire des trois ans de son élection que la Présidente Royal devint la Présidente-à-vie Royal : soutenue par la Nouvelle Armée Populaire, dont le gros de la troupe est constitué par les banlieusards délinquants envoyés apprendre l’Ordre Juste depuis septembre 2007 en Afrique, elle prit le pouvoir par les armes, puis triompha par un plébiscite qui associait le rétablissement de la peine de mort à la validation de son nouvel état. Les Royalistes triomphaient, la dictature matriarcale s’imposait au monde comme le vecteur de l’Ordre Juste, et les frontières se refermaient sur les 40 millions de français restants. On a appris cette nuit que l’ONU et l’OTAN ont voté une intervention militaire contre la France et sa leadeuse, « en raison du risque élevé de guerre que cette nation fait porter au monde libre. » L’ordre de mobilisation de chacun et chacune parviendra dans tous les foyers à 8 heures ce matin dans les boites mail obligatoires fournies gracieusement par l’Etat. Vive La Présidente ! Vive la France !