lundi 2 juillet 2007

L’AFFAIRE GUY ROUX

En 1995, il y a eu l’arrêt Bosman, célèbre décision de la Cour de Justice Européenne, qui a profondément transformé le football en appliquant aux joueurs le droit à la libre circulation des travailleurs entre états membres. Depuis, nos meilleurs joueurs se font encourager par les anglais, les espagnols ou les italiens, et notre championnat, survalorisé financièrement, est le théâtre de l‘affrontement de seconds couteaux, de jeunes pousses et de futurs retraités. En 2007, y aura-t-il un arrêt Guy Roux ou même une loi Guy Roux ? Le Président de la République, madame le ministre des finances, et madame le ministre des sports sont tous intervenus, à différents niveaux, pour défendre le droit au travail de l’idole du peuple d’Auxerre parti pour Lens. Quoi, on veut empêcher un homme, qui plus est une personnalité, de travailler après 65 ans ! C’est honteux. Injuste. Que ce soit la règle de la Charte de la corporation, que Guy Roux l’ai acceptée dans un premier temps, ce n’est pas une raison pour ne pas s‘en émouvoir ensuite… Il est bien triste de constater qu’une fois de plus, la polarisation des médias sur le cas d’un people représente le meilleur moteur, sinon le seul, pour transformer la société. La pyramide des âges est devenue un cylindre, les seniors peuvent en remontrer aux plus jeunes, et Jeannie Longo, 48 ans, est devancée par Edwige Pitel, 40 ans aux derniers championnats de France de cyclisme féminin. Fini le jeunisme. Les gamins, vous devrez patienter avant de nous prendre nos places, car avec la future loi Guy Roux, on s’arrêtera quand on voudra. Et si on veut faire une pause une année et revenir ensuite, il vous faudra nous laisser la place. Et toc ! Reste que cette situation n’est pas sans répercussion sur la société. Je ne parle pas des 21% de chômeurs de moins de 25 ans - parmi ceux-ci, trois sont candidats (d’après mes sources) au poste d’entraîneur de Lens si Guy Roux n’obtient pas gain de cause : leur nombre ira croissant si la croissance ne croît pas. Je m’interroge sur la montée du tanguysme, ce phénomène décrit par Etienne Chatilliez en 2001 dans le film Tanguy. En effet, avec la loi Guy Roux, la concurrence entre jeunes et vieux se fera évidemment au détriment de la bleusaille, inexpérimentée mais aux revendications salariales insensées. Donc fini le travail pour les jeunes. Dès lors, pas de travail, pas de logement, pas de logement, pas de travail. Or, les parents étant de plus en plus responsables des faits et gestes de leur progéniture, impossible de les laisser dans la nature livrés à eux-mêmes, sous peine de prison pour les dits parents. Les enfants vont donc rester au sein du nid parental, et tel des parasites, vivre aux crochets des aïeux, rançonnant le grand-père à sa sortie de bureau, mettant la mamie sous pression pour confisquer sa prime de compétitivité. Ce sera l’enfer sur Terre pour les plus de 40 ans. La lutte des classes deviendra la lutte des âges. Ignorant les bienfaits du travail, cette génération transmettra à sa descendance les valeurs de la sangsue et du ver solitaire. Le savoir sera perdu ; faute de travailleurs, les entreprises fermeront leurs portes les unes après les autres. Il n’y aura plus de transports, on cueillera des fruits pour se nourrir et l’espère humaine s’éteindra, incapable de se défendre contre les animaux redevenus sauvages. Et tout ça parce que Guy Roux a voulu, ce jour de juin 2007, recommencer à travailler à 68 ans… Au fait, qu’en pensent MM. Le Lay et Mougeotte ?

PG-2 juillet 2007