dimanche 13 janvier 2008

LA FIN D'UN MONDE

«l'Iran est aujourd'hui le principal Etat à parrainer le terrorisme dans le monde». George W. Bush, le 13 janvier 2008.


Les Etats-Unis d’Amérique ne sont plus. La dernière zone non irradiée vient de subir une ultime attaque chimique, réduisant à néant toute vie humaine et animale. Le continent Nord-Américain est désormais officiellement constitué uniquement du Canada et de la République Islamique Inuit, pays protégés par le mur de neutrinos anti-radiation des dangers de la zone polluée. Comment a-t-on pu en arriver là en si peu de temps ? Il y a à peine un siècle, lors de la première attaque contre les Etats-Unis, le 11 septembre 2001, la communauté internationale s’était unie dans un élan de sympathie et de commisération à l’égard des victimes de la barbarie terroriste. Puis, après avoir regimbé sur la forme, le monde démocrate avait soutenu la lutte de George Bush contre le dictateur Saddam Hussein et la guerre en Irak. L’incapacité à imposer un gouvernement démocratiquement élu, l’enlisement des troupes pour protéger les compagnies pétrolières, comme le révéla le scandale de l’Irakgate de 2009, puis la débandade après les premières attaques iraniennes sur le territoire irakien la même année marquèrent le début de la fin. Tandis que l’Europe de l’Ouest succombait, incapable d’absorber les ressortissants des anciens pays de l’Est et les Africains toujours plus nombreux, l’Oncle Sam décidait d’anéantir l’Iran, désormais puissance nucléaire et leader spirituel des Républiques Islamiques du monde entier. La IIIe guerre mondiale de 2010 ne dura que 48 heures et réduisit l’humanité de 7 à 4 milliards, notamment par la destruction malencontreuse de la Chine, les 700 têtes nucléaires américaines déjà programmées n’ayant pas pu (voulu ?) changer de trajectoire. C’est en tout cas ce que déclara Bill Jones, pasteur et chef comptable chez HSBC à Austin, Texas, devenu dirigeant des Territoires de l’Ouest après l’anéantissement des terres situées à l’Est d’une ligne Houston-Chicago. Anéantissement au sens propre puisqu’il n’y avait absolument plus rien qu’un brouillard surplombant une désert de gaz. Les armes iraniennes étaient de tout premier ordre. Regroupés autour du pasteur Jones, les Adamistes, comme se nommaient les américains survivants, tous créationnistes et messianiques, lancèrent des attaques terroristes contre les musulmans. On se souvient du carnage d’Ispahan (plus de 700000 morts par bombes à fragmentation) en 2023, de la désintégration de la Mecque depuis la Station Spatiale Internationale (ISS) par le Superlaser Mark II en 2035 ou encore de la fonte de l’Arctique, qui cachait selon eux la nouvelle Mecque, en 2047. C’est ce dernier fait, on s’en souvient, qui a conduit la CAE, la Coalition Afro-européenne, à accepter de voter aux cotés des Républiques Islamiques Unies la suppression des Territoires de l’Ouest. Ainsi, en ce jour historique du 1er janvier 2099 disparait la nation qui après avoir incarnée la liberté en était devenue l’ennemi, déstabilisant la Terre, amputée en quelques années des deux-tiers de sa population. La première superpuissance de l’Histoire n’aura donc dominé la planète que cent cinquante ans, un dixième de seconde à l’échelle de la Terre qui a repris ses droits sur son ultime prédateur. Avec une température moyenne de 37 degré partout dans le monde, la continuelle montée des océans depuis la Grande Fonte et le détournement des courants marins, et la fin des énergies renouvelables, l’Humanité vit ses derniers instants. Qui la remplacera ? Personne ne le saura jamais…
@ 15 janvier 2008

LA TETE ET LES JAMBES

Les écrans de télévision "non seulement sont remplis de sarkozysme, mais ils dégoulinent de sarkozysme » - Laurent Fabius, Ripostes – 06/01/2008


La télévision, appareil de pouvoir au service du Président … Cette bonne vieille litanie des temps anciens a de quoi réjouir quand elle est resservie par l’ancien Premier ministre Laurent Fabius, lui qui a dès son plus jeune âge, entretenu des rapports simples et directs avec les dirigeants des chaînes publiques. Je ne parle pas de sa remarquable prestation équestre dans le cadre du jeu La tête et les jambes. Je fais plutôt référence à son cavalier « Parlons France », quart d’heure d’antenne mensuel imposée à la chaîne publique TF1 dès octobre 1984. Un numéro de voltige bien rodé pour expliquer sa politique : après tout, TF1, c’est l’Etat, et nous parlons du Premier ministre de la France, donc pourquoi ne pas utiliser la fréquence publique pour s’inviter dans les foyers. Il avait d’ailleurs peu de temps auparavant délivré son oukase à la Haute Autorité de l’audiovisuel (ancêtre du CSA), lui intimant l’ordre de remplacer le patron de la Deux, Pierre Desgraupes par Jean-Claude Héberlé, plus docile, niant ainsi l’indépendance de l’instance aux yeux de tous. Il n’est donc pas abusif d’écrire qu’en matière de contrôle du petit écran, Laurent Fabius possède un bon CV. Toutefois, vingt-cinq ans plus tard, regarder deux chaînes, mêmes les principales, et en tirer comme conclusion que « les écrans dégoulinent de sarkozysme », c’est un peu court. Aujourd’hui, la moitié de la population française reçoit gratuitement dix-huit chaînes et consomme essentiellement des films, des séries et du sport. Les plus jeunes ne regardent presque jamais les informations, sauf les infos sur les stars académiciens, le temps qu’il fera demain (ça, ça ne change pas) et les clips (si, il y a des infos écrites sur les chanteurs en dessous des images). Qu’il est loin le temps où Alain Jérôme recevait dans les Dossiers de l’Ecran d’éminents spécialistes ou témoins pour un débat enfumé mais rarement fumeux. On ne mesurait pas l’audience, il n’y avait que trois chaînes. Tout le monde affirmait admirer Apostrophes, illustre autel de la littérature, avant que Médiamétrie en 1987 ne lui assénât un coup bas en révélant la vérité cachée : ils l’aimaient, mais ne la regardaient plus, s’en détournaient pour une petite aguicheuse, plus pimpante. La garce ! La Une refaite et privée en plus ! On ne comptait pas vraiment le temps que chaque politique passait à l’antenne, il n’y avait pas cette équité scolaire absurde censée garantir un équilibre entre l’opposition et le gouvernement, érigée en table de loi pour protéger nos Libertés, comme une ceinture de chasteté protégeait la femme d’un seigneur parti guerroyer. Sarkozy est omniprésent dans les médias ? So what ? Il se met en scène comme dans un reality show et les chasseurs d’images en redemandent. Acteur politique au bras d’un mannequin, il fait de l’audience, alors on le voit. Vous avez du temps de cerveau disponible pour le regarder, profitez-en. Avouez, Messieurs les contempteurs, que vous êtes jaloux d’un tel succès. On sait que le pouvoir attire et excite certaines femmes, et la petite histoire des Républiques Françaises regorge de conquêtes féminines par nos Présidents et chefs de gouvernements. La différence, c’est qu’il fallait les cacher : le sexe et l’amour appartenaient à la sphère privée, et souvent il y avait une légitime à la maison. Avec Carla Bruni, Nicolas Sarkozy explose encore une fois les coutumes : il affiche sa belle chanteuse, sa vie privée, il vit dans son époque, il est un people (on les reconnait aux lunettes de soleil) et en plus il dirige le pays. Difficile de faire mieux ! Ah si, il aurait pu aussi être sélectionneur de l’Equipe de France de foot, mais c’était déjà pris.
@ 08 janvier 2008

GROSSE CHALEUR

« Il y avait les économies de marché, les économies dirigées, il reste à inventer une économie écologique. » Jean-Louis Borloo, Libération, 15/12/2007


Khadafi a quitté Paris, ayant acheté une respectabilité pour 10 milliards d’euros, selon les chiffres officiellement annoncés, et pourtant très contestés. Drôle de procès encore une fois fait à Sarkozy par ses adversaires. Ils ouvrent à nouveau la porte sur leur leitmotiv de campagne : il est dangereux, il est n’est que pragmatisme et communication, il n’en fait qu’à sa tête. Impossible à ce jour de connaître la vérité sur ces contrats juteux, mais on ne peut que constater une fois encore ce qui caractérise la politique sarkozienne : le courage. Il avait plus à perdre qu’à gagner devant l’opinion en recevant le Guide libyen, et si Khadafi n’est pas Hitler, Sarkozy n’est pas Daladier. Pourtant, la bravoure n’est pas suffisante quand elle s’acoquine à la realpolitik. Il lui manque le sel de la Terre, le respect de ses convictions les plus profondes, l’engagement sur les valeurs qui définissent une communauté, ici la France. Et à jouer avec le feu, il n’est pas rare qu’on se brule. Souhaitons que cette aigreur ne soit que passagère. Jean-Louis Borloo avait lui rendez-vous avec l’Histoire à Bali. C’est en tout cas ce qu’il ressent, comme beaucoup de participants à ce congrès international organisé par l’ONU, chargé de trouver un successeur au protocole de Tokyo de 1997. L’objectif est connu : lutter contre le réchauffement climatique pour éviter à terme à la disparition de l’humanité. Les Américains, champions hollywoodiens, jouent le rôle des méchants depuis dix ans. Heureusement, à la fin, ils redeviennent gentils et acceptent de reconnaître qu’il fait trop chaud…Les méchants dans l’épisode 2, ce sont les Chinois, et tous les pays en développement. Quelle solution ? Bombe atomique, torture, invasion, alliance avec les intégristes musulmans ? Humm, avec cette grève des auteurs, difficile de trouver une histoire qui marche. Heureusement, c’est un scénario catastrophe, d’où blockbuster et recettes en millions de dollars. Attention au marketing, le bouche à oreille détermine aussi le succès. Hein ? Quoi ? Le réchauffement est réel, ce n’est pas une fiction ? « Il y avait les économies de marché, les économies dirigées, il reste à inventer une économie écologique. » Belle réplique de notre ministre de l’écologie. Alors, qui s’y colle ? les pétroliers, qui organisent la pénurie pour faire monter les prix ; l’OCDE, qui pourrait perdre tous les avantages matériels conquis au fil du capitalisme triomphant du XXe siècle ; les nouveaux géants (Chine, Inde, Brésil) responsables de la survie de notre futur ; ou l’Afrique, berceau de l’Humanité, et qui pourrait en être le tombeau ? La Révolution industrielle engagée au début du XIXe siècle n’a jamais si bien porté son nom, car voici qu’arrive son premier avatar : la Terreur. La liberté incarnée par les voitures, les avions, la société de consommation et ses cohortes d’usines à rêves rappelle qu’elle a un prix et qu’il est temps de payer la facture si on ne veut pas revenir à l’époque de la voiture à bras, de la pirogue et du chauffage au bois. De toute façon, on n’a plus le droit de couper les arbres. Et à quoi serviraient tous les beaux radars annoncés si nos routes étaient désertées…En plantant sa tente dans les jardins de l’hôtel de Marigny, Khadafi nous a montré l’avenir. Aie !

I LOVE AMERICA

« My plan to secure the border : two words. Chuck. Norris. »- Mike Huckabee, ancien gouverneur de l’Arkansas, candidat à l’investiture républicaine pour les présidentielles de 2008. Novembre 2007.
La campagne américaine qui commence promet d’être autrement plus divertissante que la notre. Le système s’y prête, avec une route semée d’embûches pour les candidats aux primaires de chaque parti. Ces derniers s’entourent de célébrités – chanteurs, comédiens, vedettes de télévision – dans le but de créer des mouvements de sympathie en leur faveur. Le premier et déjà plus beau « coup » de cette fin d’année est à mettre à l’actif de Barack Obama, candidat démocrate, qui vient de trouver en Oprah Winfrey une marraine exceptionnelle. Cette présentatrice et productrice du talkshow le plus vendu au monde, The Oprah Winfrey Show, (117 pays mais pas la France…) est une superstar, milliardaire et noire, classée par Forbes la personnalité la plus influente au monde en 2007. Son engagement pour Obama, c’est un peu comme si PPDA avait appelé à voter pour François Bayrou, mais à la puissance 1000. D’autres candidats font appel à des chanteurs comme Paul Simon ou Jackson Brown, aussi célèbre outre-atlantique qu’inconnu dans l’hexagone. Mais la palme du meilleur soutien revient à Mike Huckabee, pour son alliance avec Chuck Norris. Ce comédien est célèbre pour ses films d’action et de karaté, mais également pour son rôle dans la série Walker, Texas Ranger, dans laquelle il incarne un pur texan avec son stetson et ses santiags, prônant les valeurs traditionnelles de l’oncle Sam. « My plan to secure the border : two words. Chuck. Norris. » Fusionnant fiction et réalité, Mike Huckabee, candidat républicain, propose dans un spot surréaliste sa vision d’une Amérique intransigeante, prête à se battre pour verrouiller ses frontières, avec Chuck Norris à ses côtés. Il ne s’agit pas d’une parodie : Huckabee est homophobe, créationniste, se voit en leader chrétien et rencontre un succès croissant dans les intentions de vote en Iowa, premier Etat à se prononcer dès janvier. Son aspect débonnaire, son faciès sorti d’une sitcom de ABC, des effets spéciaux comme on n’en fait plus depuis 1971, tout pourrait porter à croire à un canular et l’observateur français a du mal à garder son sérieux en découvrant ces images. Et l’on se prend à rêver : mais pourquoi personne n’y a-t-il pensé en avril dernier ? Imaginez Sarko. « Mon plan pour la France. Deux mots : Christian. Clavier. Deux autres : Jean. Réno. Et plein d’autres encore, Mireille Mathieu, Johnny, Faudel, plein je vous dis. » Ou Ségolène. « Mon plan pour l’ordre juste. Deux mots : Philippe. Torreton. Qui ? Ben, Torreton, le comédien. Il a joué dans quel film ? Mais tu sais, l’ancien chéri de Claire Chazal. Ah, oui, je vois. Il était dans les Rois maudits de José Dayan sur TF1.Voila ! » - François Bayrou : « mon plan pour la Vie République en deux mots : Patrick. Sébastien. Pas mieux. » Difficile de résister à de tels tourbillons de lumières et seule une législation archaïque si gauloise sur l’art et la manière de mettre en avant les supporters politiques explique cette déficience de spots éclairés sur nos antennes…Revenons à Chuck. Il existe un site intitulé Chuck Norris facts, qui énonce des faits exaltant la puissance et la virilité de l’acteur, et dépeint ses valeurs et ses méthodes. Un remarquable complément à la campagne de Huckabee , qui prouve si besoin était la capacité des Américains à rire d’eux-mêmes. Mon préféré : « Quand Chuck Norris utilise Windows, il ne plante pas. » Après huit ans d’incomparables Bushisms, les gaffes de George W., nous attendons avec impatience un candidat prêt à relever le défi. Ready, Chuck and Mike ?

TANT QU’ON A LA SANTE…

« La priorité de 2008 sera la santé des Français. » Nicolas Sarkozy, le 1er décembre 2007
Les jours, les semaines et les mois se suivent et se ressemblent pitoyablement selon des cycles prédéterminés. Après la phase optimiste des cent jours, voici la période pessimiste avec l’hiver des désillusions. Le peuple gronde et se défie de son maître, il veut de la brioche et de l’essence moins chère pour prendre la route loin de la ville chaque fin de semaine et revenir le dimanche soir coincé comme ses semblables dans les bouchons. Las, la méthode Sarkozy commence à prendre l’eau dans l’opinion publique. L’usage alterné du bâton et de la carotte fonctionne sur un âne, sur les Américains (à l’époque de Théodore Roosevelt), assez peu sur les Français, qui les confondent souvent. A ménager la chèvre et chou, on laisse son public mi-figue mi-raisin, qui trouve que tout cela est bonnet blanc et blanc bonnet. La richesse de la langue de Céline ne peut justifier une politique de compromis qui commence à lasser à droite et prête le flanc à …bon d’accord, il n’y a toujours personne à gauche. Modem, vous avez dit Bayrou ? Il n’empêche, les déclarations récentes du chef de l’Etat déroutent : je suis extrêmement curieux de connaître le texte de loi qui « va supprimer dès le début de 2008 les cautions et réduire à un mois les dépôts de garantie », comme l’a exprimé François Fillon. Est-ce donc l’Etat qui va se porter caution et rembourser le propriétaire qui ne touche plus ses loyers ? Est-ce donc l’Etat qui va rembourser le propriétaire dont le logement aura été saccagé par un locataire peu soigneux ? Conséquence : le nombre de taxes sur les logements vacants va fortement augmenter l’année prochaine et le nombre de logements accessibles va diminuer, engendrant une hausse des loyers puisqu’il y aura pénurie de location. Bah, tant qu’on a la santé ! Il restera bien quelques tentes à monter le long d’un canal, et quelques intermittents pour faire entendre leur voix. Les vrais SDF, non, ce n’est pas très intéressant, ils sont à la marge, souvent Polonais ou Roumain, enfin pas comme nous. Heureusement qu’on va être bien soigné, nous autres français. En 2007, auront été réglés : le pouvoir d’achat, les universités, les régimes spéciaux de retraite, les RTT, Jacques Chirac, la réforme de la justice, l’audiovisuel extérieur, le téléchargement illégal, la qualification des Bleus pour l’Euro, les radars sur les routes. Pas mal ! En 2008, on s’occupe de la santé. Le déficit public, on verra en 2009. Donc fini la cigarette, fini l’alcool et le vin, tout le monde à vélo ou au jogging, le sexe sera contrôlé régulièrement avec préservatif obligatoire pour les couples non mariés (dérogation possible pour les pacsés si caution parentale). Un peu d’investissement dans la recherche contre le sida et le crabe. Dans les cantines des entreprises, suppression des frites et des pizzas trop grasses, restriction à un dessert par semaine, remplacement du café par un ersatz chaud et aromatisé. Fruits de rigueur, de préférence cuits et accessoirement sapides. Des incitations fiscales à l’embauche de salariés en pleine santé seront mises en places rapidement et des déductions d’impôts en faveur des citoyens qui auront validé leur parcours de santé annuel inciteront les plus ardents à faire toujours mieux. Un barème étatique sera affiché dans les écoles, les administrations, les entreprises et toutes les mairies, qui permettra à chacun de mesurer ses efforts et ainsi de se donner les moyens d’obtenir les avantages promis. A défaut de finances saines, les Français auront des corps sains, que nous envieront nos voisins, nos alliés et nos ennemis. Et n’oublions jamais que le travail, c’est la santé.