dimanche 13 janvier 2008

I LOVE AMERICA

« My plan to secure the border : two words. Chuck. Norris. »- Mike Huckabee, ancien gouverneur de l’Arkansas, candidat à l’investiture républicaine pour les présidentielles de 2008. Novembre 2007.
La campagne américaine qui commence promet d’être autrement plus divertissante que la notre. Le système s’y prête, avec une route semée d’embûches pour les candidats aux primaires de chaque parti. Ces derniers s’entourent de célébrités – chanteurs, comédiens, vedettes de télévision – dans le but de créer des mouvements de sympathie en leur faveur. Le premier et déjà plus beau « coup » de cette fin d’année est à mettre à l’actif de Barack Obama, candidat démocrate, qui vient de trouver en Oprah Winfrey une marraine exceptionnelle. Cette présentatrice et productrice du talkshow le plus vendu au monde, The Oprah Winfrey Show, (117 pays mais pas la France…) est une superstar, milliardaire et noire, classée par Forbes la personnalité la plus influente au monde en 2007. Son engagement pour Obama, c’est un peu comme si PPDA avait appelé à voter pour François Bayrou, mais à la puissance 1000. D’autres candidats font appel à des chanteurs comme Paul Simon ou Jackson Brown, aussi célèbre outre-atlantique qu’inconnu dans l’hexagone. Mais la palme du meilleur soutien revient à Mike Huckabee, pour son alliance avec Chuck Norris. Ce comédien est célèbre pour ses films d’action et de karaté, mais également pour son rôle dans la série Walker, Texas Ranger, dans laquelle il incarne un pur texan avec son stetson et ses santiags, prônant les valeurs traditionnelles de l’oncle Sam. « My plan to secure the border : two words. Chuck. Norris. » Fusionnant fiction et réalité, Mike Huckabee, candidat républicain, propose dans un spot surréaliste sa vision d’une Amérique intransigeante, prête à se battre pour verrouiller ses frontières, avec Chuck Norris à ses côtés. Il ne s’agit pas d’une parodie : Huckabee est homophobe, créationniste, se voit en leader chrétien et rencontre un succès croissant dans les intentions de vote en Iowa, premier Etat à se prononcer dès janvier. Son aspect débonnaire, son faciès sorti d’une sitcom de ABC, des effets spéciaux comme on n’en fait plus depuis 1971, tout pourrait porter à croire à un canular et l’observateur français a du mal à garder son sérieux en découvrant ces images. Et l’on se prend à rêver : mais pourquoi personne n’y a-t-il pensé en avril dernier ? Imaginez Sarko. « Mon plan pour la France. Deux mots : Christian. Clavier. Deux autres : Jean. Réno. Et plein d’autres encore, Mireille Mathieu, Johnny, Faudel, plein je vous dis. » Ou Ségolène. « Mon plan pour l’ordre juste. Deux mots : Philippe. Torreton. Qui ? Ben, Torreton, le comédien. Il a joué dans quel film ? Mais tu sais, l’ancien chéri de Claire Chazal. Ah, oui, je vois. Il était dans les Rois maudits de José Dayan sur TF1.Voila ! » - François Bayrou : « mon plan pour la Vie République en deux mots : Patrick. Sébastien. Pas mieux. » Difficile de résister à de tels tourbillons de lumières et seule une législation archaïque si gauloise sur l’art et la manière de mettre en avant les supporters politiques explique cette déficience de spots éclairés sur nos antennes…Revenons à Chuck. Il existe un site intitulé Chuck Norris facts, qui énonce des faits exaltant la puissance et la virilité de l’acteur, et dépeint ses valeurs et ses méthodes. Un remarquable complément à la campagne de Huckabee , qui prouve si besoin était la capacité des Américains à rire d’eux-mêmes. Mon préféré : « Quand Chuck Norris utilise Windows, il ne plante pas. » Après huit ans d’incomparables Bushisms, les gaffes de George W., nous attendons avec impatience un candidat prêt à relever le défi. Ready, Chuck and Mike ?

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