dimanche 13 janvier 2008

GROSSE CHALEUR

« Il y avait les économies de marché, les économies dirigées, il reste à inventer une économie écologique. » Jean-Louis Borloo, Libération, 15/12/2007


Khadafi a quitté Paris, ayant acheté une respectabilité pour 10 milliards d’euros, selon les chiffres officiellement annoncés, et pourtant très contestés. Drôle de procès encore une fois fait à Sarkozy par ses adversaires. Ils ouvrent à nouveau la porte sur leur leitmotiv de campagne : il est dangereux, il est n’est que pragmatisme et communication, il n’en fait qu’à sa tête. Impossible à ce jour de connaître la vérité sur ces contrats juteux, mais on ne peut que constater une fois encore ce qui caractérise la politique sarkozienne : le courage. Il avait plus à perdre qu’à gagner devant l’opinion en recevant le Guide libyen, et si Khadafi n’est pas Hitler, Sarkozy n’est pas Daladier. Pourtant, la bravoure n’est pas suffisante quand elle s’acoquine à la realpolitik. Il lui manque le sel de la Terre, le respect de ses convictions les plus profondes, l’engagement sur les valeurs qui définissent une communauté, ici la France. Et à jouer avec le feu, il n’est pas rare qu’on se brule. Souhaitons que cette aigreur ne soit que passagère. Jean-Louis Borloo avait lui rendez-vous avec l’Histoire à Bali. C’est en tout cas ce qu’il ressent, comme beaucoup de participants à ce congrès international organisé par l’ONU, chargé de trouver un successeur au protocole de Tokyo de 1997. L’objectif est connu : lutter contre le réchauffement climatique pour éviter à terme à la disparition de l’humanité. Les Américains, champions hollywoodiens, jouent le rôle des méchants depuis dix ans. Heureusement, à la fin, ils redeviennent gentils et acceptent de reconnaître qu’il fait trop chaud…Les méchants dans l’épisode 2, ce sont les Chinois, et tous les pays en développement. Quelle solution ? Bombe atomique, torture, invasion, alliance avec les intégristes musulmans ? Humm, avec cette grève des auteurs, difficile de trouver une histoire qui marche. Heureusement, c’est un scénario catastrophe, d’où blockbuster et recettes en millions de dollars. Attention au marketing, le bouche à oreille détermine aussi le succès. Hein ? Quoi ? Le réchauffement est réel, ce n’est pas une fiction ? « Il y avait les économies de marché, les économies dirigées, il reste à inventer une économie écologique. » Belle réplique de notre ministre de l’écologie. Alors, qui s’y colle ? les pétroliers, qui organisent la pénurie pour faire monter les prix ; l’OCDE, qui pourrait perdre tous les avantages matériels conquis au fil du capitalisme triomphant du XXe siècle ; les nouveaux géants (Chine, Inde, Brésil) responsables de la survie de notre futur ; ou l’Afrique, berceau de l’Humanité, et qui pourrait en être le tombeau ? La Révolution industrielle engagée au début du XIXe siècle n’a jamais si bien porté son nom, car voici qu’arrive son premier avatar : la Terreur. La liberté incarnée par les voitures, les avions, la société de consommation et ses cohortes d’usines à rêves rappelle qu’elle a un prix et qu’il est temps de payer la facture si on ne veut pas revenir à l’époque de la voiture à bras, de la pirogue et du chauffage au bois. De toute façon, on n’a plus le droit de couper les arbres. Et à quoi serviraient tous les beaux radars annoncés si nos routes étaient désertées…En plantant sa tente dans les jardins de l’hôtel de Marigny, Khadafi nous a montré l’avenir. Aie !

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