jeudi 12 juin 2008

"Je n'ai pas l'intention de renoncer à ce que je crois pour participer à des manœuvres électorales", François Bayrou le 10 mars 2008

Le Vatican vient de rafraichir la notion de péché en y injectant une dose de mondialisation. Par la voix de Mgr Gianfranco Girotti, son responsable de la Pénitencerie apostolique, l’Eglise Romaine a expliqué que le péché avait désormais « une résonnance sociale » qui dépassait l’individu. Les sept péchés capitaux et leurs innombrables avatars font pâles figures face à la pollution, les manipulations génétiques ou l’injustice sociale. Durant des siècles, le Paradis était fermé aux paresseux, mais depuis les 35 heures, l’Enfer affiche complet. Le péché de gourmandise n’a pas résisté aux publicités alimentaires, la luxure à Canal+ et à internet ; l’orgueil est devenu une qualité, l’avarice une nécessité bancaire, la colère peut être saine dans la bouche d’une candidate à la présidentielle. Reste l’envie, moteur de l’homme moderne. Si l’on ne doit pas désirer la femme de son voisin, on peut envier ce dernier, surtout s’il s’appelle Brad Pitt. Au Modem, on envie beaucoup le PS qui est en passe de gagner des villes aussi importantes que Marseille, Strasbourg ou Toulouse. Au Modem, on a des croyances qui empêchent d’entamer des négociations globales avec les dirigeants de l’UMP. Au Modem, on préfère être humilié par Bertrand Delanoë plutôt que d’empêcher sa réélection en s’associant à la droite. Il est vrai que son électorat, les bobos parisiens, cette pathétique engeance incompréhensible en province, adore les beaux Vélib’ qui font la nique aux méchantes voitures pollueuses, raffolent du zoli tramway et des zolis quais ensablés de Paris-Plages. Pourquoi changer quand le magicien socialiste jette sa poudre aux yeux avec tant de maestria ? Il a tant fait pour les crèches, ouvrant des places dans les quartiers de l’Est de la capitale qui en manquaient tant. Il n’y a pas assez de puéricultrices pour s’en occuper ? Quelle mauvaise foi ! Croyez-en moi et vous serez récompensés, mais après le 2e tour. La messe est dite à Paris, qui la vaut bien d’ailleurs. Frère Bertrand, respectez le Père François et acceptez au côté du bedeau Denis sa seigneurie Marielle pour une alliance hégémonique contre les démons du mal, enterrés par Chirac sous la mairie depuis 1977…Ce n’est pas l’envie qui me manque, répond-il, mais je n’en ai guère l’usage. La victoire est acquise, Dieu m’en est témoin. A l’autre bout du monde, à Marseille, comme souvent c’est une sacrée bouillabaisse : pour une histoire d’incinérateur conservé à Fos-sur-Mer, le centre tombe dans le panier à crabes de la gauche. Sur la Canebière, on a vu roder le fantôme de Gaston Deferre tandis que Fernandel réendossait la soutane de Don Camillo et retroussait ses manches. Heureusement que l’OM recommence à gagner ses matchs, sinon il y aurait foule pour prier la bonne mère de Notre Dame de la Garde de protéger ses petits. Cette détonante modernisation de la définition du péché ne doit pas surprendre en cette décennie religieuse revendiquée par le Président Sarkozy dans son discours de Latran. Mais que pense Dieu de tout ça ?

@ 10 mars 2008

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