jeudi 12 juin 2008

« Le PS affirme avoir perdu près d'un quart de ses militants en un an » – le Monde, 19 janvier 2008

Parmi les légendes urbaines qui se propagent de bouches à oreilles rue de Solférino, il en est une plus terrifiante que les autres : la Disparition des adhérents. Rien à voir avec le lipogramme de Georges Pérec, le e final de socialiste n’a pas quitté sa place, pas plus que les autres voyelles. Non, cette disparition existe, François Hollande l’a vue. Pour lui, tout a commencé par une nuit sans lune, le long d'une route solitaire de campagne, alors qu'il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva. Cela a commencé par un parti abandonné et par un homme devenu trop las pour continuer sa route. 218 000 encartés en mai 2007, entre 180 000 et 130 000 selon diverses sources en janvier 2008. Que sont ces adhérents devenus ? Ont-ils tous été kidnappés par des hommes du futur dans le but de les reformater, puis de les renvoyer en France le 9 mars 2008 pour créer un effet de surprise pour les municipales ? Ségolène les a-t-elle envoyés dans des camps militaires pour les préparer à une action commando afin de prendre le pouvoir sur le parti en avril ? La promo de l’adhésion à 20 euros était-elle limitée dans le temps et non renouvelable ? Ont-ils vraiment existé ? A moins que … L’ouverture. Tous les hommes politiques de gauche qui ont rejoint Sarkozy, il ne peut y avoir qu’une explication. Des otages. Sarko et son gouvernement ont pris en otage les 60 000 adhérents disparus et menacent de les exécuter à chaque fois qu’ils ont besoin d’une nouvelle caution de gauche. C’est la seule explication plausible, sinon pourquoi des hommes et des femmes engagés et convaincus par le socialisme iraient-ils rejoindre le camp ennemi, ce libéralisme honni ? Ce ne peut évidemment pas être l’appât du pouvoir, pas plus que celui du gain ni des privilèges. Ce ne sont pas non plus l’amour ni la haine, ni la faim qui les guident. Alors, pour que cette situation inique ne se reproduise jamais, les disparus de Solférino méritent que les médias se mobilisent. A l’aide, Hugo Chavez ! Circulez sur le net, pétitions ! Produisons un show télévisé, le Tontonthon, afin de récolter des fonds pour aider à la réapparition des introuvables. Tous ensembles, solidaires contre le capitalisme arrogant, infâme oppresseur des masses devenu aspirateur d’adhérents. Soit. Autre solution pour le PS : imaginer un programme de gouvernement cohérent et moderne, choisir sinon un leader crédible – à l’impossible nul n’est tenu – au moins une direction collégiale capable de fusionner les courants qui détruisent son harmonie, s’interroger sur les valeurs de gauche en 2008 quand les valeurs de droite les ringardisent et se débarrasser de Ségolène sans que cela passe pour du machisme archaïque. Pas simple. A ces conditions seulement, peut-être retrouveront-ils quelques disparus. J’en ai vu errer certains, hagards, les yeux dans le vide, avec à la main une photo de Mitterrand, demandant leur chemin à des âmes charitables. « S’il te plait, Monsieur, dessine moi une rose ».
@ 22 janvier 2008

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