jeudi 12 juin 2008

«Nous avons perdu le soutien d'une partie de la gauche et du MoDem, mais nous sommes soutenus à 90 % par notre électorat», David Martinon, Le Figaro,

A un mois des municipales, l’Union de la Majorité Présidentielle ne fait pas plus la force que dans la Belgique désintégrée. Son précédent Président, devenu celui des Français, convole avec sa jeune et tendre, délaissant ses électeurs incrédules devant ce bonheur foudroyant. Trahis, ils se vengent en rabaissant sa côte de popularité au niveau de Jacques Chirac après la même durée d’exercice du pouvoir. Le message est clair, et les députés inquiets ne savent comment lui dire de ne pas tout mélanger. La gauche hollandaise boit du petit lait et laisse libre court à son humour qui lui a pourtant peu réussi avec les militants du PS. Une fois de plus, la droite avec toutes les cartes en main trouve le moyen de se mettre dans la pire des situations. Et pourtant, on croyait qu’avec celui-là, ce serait différent. A quoi a servi cette stratégie d’ouverture à tout crin si «nous avons perdu le soutien d'une partie de la gauche et du MoDem, mais [que] nous sommes soutenus à 90 % par notre électorat», comme le dit le porte-parole de l’Elysée. Certains Cassandres, oreilles ouvertes aux sirènes médiatiques, prédisent la perte de nombreuses grandes villes ; s’en réjouiraient même pour donner une leçon à un président trop négligent avec ses troupes. La politique du pire, une rengaine de la droite française, quelle pitié ! Du côté de l’Elysée, on préfère s’en prendre à la communication : il faut ex-pli-quer ! La pédagogie, c’est la solution. Pourquoi pas la réquisition d’une heure d’antenne par semaine sur France 2, tant qu’on y est ? France Télévision, c’est l’Etat, non, ou alors ça va le redevenir bientôt, sans publicité mais avec une belle dot de jeune remariée. C’est in, le remariage. Il manque d’ailleurs à la télévision une émission qui dévoile sans tabou les vies privées de nos dirigeants. Pourquoi réserver les vraies informations à Voici, Closer ou Gala ? Nous ne sommes pas aussi puritains que ces américains qui condamnent le réseau ABC à une amende de 1,4 millions de dollars pour avoir osé montrer une femme nue à une heure de grande écoute, n’est-ce pas ? Alors, aidons les avocats désolés de perdre une partie de leurs attributions au profit des notaires, et fabriquons une machine à procès télévisuelle : la vérité sur les vies privées des hommes et femmes politiques, avec reportages, photos, films, interviews des amants et des maitresses, des maris trompés et des femmes humiliées, mais aussi des histoires d’amours, des vies de familles épanouies. Voila ce qui nous intéresse, voici ce qui revigore notre confiance en nos élus : la téléréalité appliquée à la politique. Autre possibilité : cesser d’écouter le vacarme médiatique abrutissant en faisant la grève du village global afin de rendre leurs places aux élus locaux. Pourquoi se laisser imposer un ersatz de mondialisation à l’échelle nationale sans chercher des solutions au cœur de chacune de nos 36 782 communes ? Le travail quotidien des maires et des conseillers municipaux mérite amplement plus qu’une querelle itérative et pathétique entre les Messieurs-Dames de Paris. Souvenons nous de Frédéric Bastiat : « N’attendre de l’État que deux choses : liberté, sécurité. Et bien voir que l’on ne saurait, au risque de les perdre toutes deux, en demander une troisième ».
@ 06 février 2008

Aucun commentaire: