jeudi 12 juin 2008

« Etre propriétaire de son logement fait-il voter à droite ? » Le Monde -17 février 2008

En ce mois de février, le mois de la purification en version latine (februarius mensis), la vie politique se déroule tranquillement dans notre village gaulois. L’oracle Patrick Devedjix lit dans le vol des canards sauvages et espère un « résultat convenable » de l’UMP aux municipales. La vestale Françoise de Panafix traite le chef des parisii Bertrand Delanoix de « tocard » ; celui-ci répond en moquant la « finesse » de son adversaire. L’ancien chef de Lutèce, Jean Tiberix, est renvoyé en correctionnelle pour une histoire de faux électeurs présumés. De son côté, notre héros, le petit guerrier gaulois Nicolas Sarkozyx, devenu grand chef de toute la Gaule, accompagné de son fidèle compagnon le livreur de projets François Fillonix, tente de sortir du piège dans lequel il est tombé à force de prendre trop de potion magique. Le grimoire du druide Attalix, pourtant riche en formules et sorts en tout genre, n’a pas résisté aux assauts des conducteur s de chars et repose désormais dans la grotte aux illusions. La belle bardesse Carla Brunix compose désormais ses odes pour le commandeur des croyants, qui a stigmatisé la « redoutable absence de Dieu » pour expliquer les drames du siècle précédent. Ainsi s’en va donc la vie et s’approchent les municipales au rythme des sondages. Pour tenter d’égayer le tout, il convient d’inventer des sujets de débats, si possible les plus sibyllins, ou encore les plus spécieux. Le sarcastique Proudhon avait naguère chanté que « La propriété, c’est le vol », formule lapidaire encensée par la gauche pendant des lustres. On pouvait donc en conclure que tous les propriétaires sont des voleurs. Interrogeons nous maintenant avec le très peu proudhonien quotidien Le Monde : «Etre propriétaire de son logement fait-il voter à droite ? ». On serait tenté de répondre par l’affirmative : puisque les propriétaires sont des voleurs et que les voleurs sont de droite, les propriétaires votent à droite. Syllogisme tellement imparable que même Le Figaro ne peut le contester ! Diable, le raisonnement perd de sa pertinence lorsque l’on sait que de nombreux électeurs de gauche sont propriétaires, rêvent de le devenir ou économisent pour accéder à la propriété. Proudhon désavoué ? Trêve de mauvais esprit. Cette question posée par Le Monde, vestige symbolique de la lutte des classes, ne suffit pas pour ouvrir une polémique dépassée. Elle souligne toutefois un phénomène authentique de cristallisation des électorats selon l’implantation locale, en zones périurbaine ou en centre-ville. Deux France qui ne se comprennent pas vraiment, se tolèrent dans des cadres précis et circonscrits et s’affrontent sur des enjeux de sociétés déterminants pour l’avenir. Voila pourquoi l’ouverture, cette alliance forcée et contre-nature voulue par le Président, laisse un goût aigre dans la bouche des électorats de chaque camp. Et il ne faut pas chercher plus loin une des principales raisons du désamour des français pour celui qu’une majorité a élu il y a déjà neuf mois. Le temps d’une gestation pour accoucher … de quoi ? On ne sait pas encore clairement à qui ou à quoi ressemble le nouveau né. Et c’est bien la le problème.

@20 février 2008

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