lundi 5 novembre 2007

LE SIECLE DES RUMEURS

Vous qui lisez ces mots avez un avantage sur moi qui les écrit : vous savez si La Rumeur était vraie. Le divorce des époux Sarkozy, premier couple de France, était annoncé par le fort sérieux quotidien La Tribune de Genève pour ce mercredi 17 octobre. Pas de commentaires officiels, mais une ribambelle de murmures, des insinuations, des canards et des couacs, du brouhaha. Et encore des commentaires sur les ouï-dire, le rôle de la presse et le droit de savoir versus la protection de la vie privée, la soi-disant auto-censure des journalistes français à cause de la collusion de leurs patrons avec le président (il paraît..). Pour finir l’inévitable mise en abîme de la presse qui s’interroge elle-même sur ses frontières et son statut et se répond que non, elle ne fait que son travail. Si ce n’est pas confirmé officiellement, on dit que c’est une rumeur, même quand on connaît la vérité. Une chose est sure, Nicolas Sarkozy se distingue une fois de plus de ses prédécesseurs. Sans parler de Tante Yvonne, icône de l’épouse effacée aux côtés du Général, les autres premières dames ont toujours respecté l’étiquette officielle et se sont comportées en femmes obéissantes au service de la nation. Les secrets bien gardés appartiennent à la petite histoire. Mais depuis la révélation « Mazarine », la dérive « pipeaule » charme les politiques qui le veulent bien. On atteint l’apogée avec cette interférence entre la vie privée et la vie publique d’un Président de la République Française. Peu m’importe qu’il y ait divorce ou non, cela ne me regarde pas. En revanche, cela me concerne en tant que citoyen car ces caquetages persistants monopolisent la parole publique et dressent un mur entre la cité et l’agora. Ce mur du son, aussi infranchissable que le mur de Berlin au beau temps de la RDA, encage la pensée libre et résiste aux attaques de raison. Les dîners en ville ne bruissent que de racontars sur le pourquoi du comment, « on a dit qu’il la… », « il parait qu’elle le… ». Après le couple Ségolène et François, voici le tour de Nicolas et Cécilia. Serait-ce une malédiction lancée par Jacques Chirac envers les candidats du second tour ? Ou simplement la preuve la plus absolue que la démocratie hexagonale fonctionne parfaitement, puisque le principal représentant des français fait mauvais ménage comme n’importe qui ? Les méchantes langues s’amusent de la rupture ; d’autres s’inquiètent des conséquences sur les affaires du pays. Et s’il se mettait à boire pour oublier, comme le mari de la gardienne de l’immeuble de mon beau-frère ? Allons, un peu de sérieux ! La société a vraiment évolué de façon incompréhensible vue de Sirius. Les valeurs incarnées et défendues par la fonction de Président de la République ne devraient pas subir les avanies du commun des mortels. Mitterrand a su faire taire les qu’en dira-t-on sur sa fille, protégeant, pour son profit certes, la fonction. Pourquoi la presse ne respecte-t-elle pas cette règle avec l’actuel chef de l’Etat ? La réponse « c’est lui qui a commencé à nous utiliser » n’est pas recevable. J’accuse notre société d’oublier les règles du jeu pour imposer la règle du je. Dessillons les yeux du peuple si nous voulons qu’il reprenne la route du progrès commun, mais respectons les institutions. Nos ancêtres romains se sont contentés du pain et des jeux, avant d’être submergés par la vague barbare. Etrange similitude avec notre XXIe siècle régressif. Qui visitera nos ruines, qui se souviendra de notre démocratie, qui reproduira nos erreurs ? Une rumeur dit que cela viendra du Sud, mais ce doit être encore un bruit infondé…

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